tag:blogger.com,1999:blog-67252954000713081622024-02-19T04:47:49.697-08:00esquisses...Sont compilés sur ce blog en trois pages, sans ordre chronologique, un échantillonnage de seize textes choisis dans une longue collection.
Ils ont été rédigés à partir de différentes consignes de travail, au fil de treize années passées à l'atelier d'écriture stéphanois autogéré : "à la brise de".béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comBlogger18125tag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-10140599396668331182013-02-15T18:30:00.000-08:002013-03-09T16:55:51.854-08:00<a href="mailto:bea.ferrero@club-internet.fr"> contact : bea.ferrero@club-internet.fr</a>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-45827130618154857972013-01-12T12:56:00.000-08:002013-02-16T15:30:40.415-08:00Une mouche à la fois<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Ce texte avait été écrit pour une lecture que nous avait commandée la municipalité à l'occasion de l'anniversaire de</i> <i><b>MANUFRANCE</b>.</i><i> </i></span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><br />
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<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Nous l' avions orientée sur une relecture du catalogue... disons ... quelque peu actualisée...J'avais choisi ici la rubrique du matériel de pêche. <b>Les phrases en caractère gras sont directement tirées du catalogue 1974 </b>et non pas d'un manuel pornographique. J'ai alors inventé un souvenir érotique d'adolescence...<b><br />
</b></i></span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>la phrase <b>"une mouche à la fois"</b> venait en résonance avec le montage musical d'introduction réalisé à partir d'une interview de deux vieilles dames, anciennes ouvrières de la Manu au service expédition. Elles nous racontaient entre autre que les commandes étaient parfois passées pour une seule mouche à la fois... cette phrase avec ma voix incrédule revenait en récurrence dans le montage audio...</i></span></div>
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<span style="font-size: large;"><br />
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<span style="font-size: large;">Lundi de Pâques 1974. Vautrée sur le lit dans la chambre de mémé partie aux champs, je vais sur mes quinze ans. L'oeuf en chocolat posé au bord de la fenêtre dégouline d'ennui, se morfond sous le soleil qui darde le carreau, avec ses airs de printemps pleins de promesses. Elles arriveront dieu sait quand les promesses ! Pas envie de sortir ! Dehors c'est vide, autant que dans ma tête c'est plein, plein de vert et de sève bouillonnante et de... et de...de je sais pas quoi en faire ! De toute façon c'est le trou ici !...Je m'étire paresseusement sur l'édredon, mon bras frôle le lourd pavé tout corné sur la table de nuit de mémé... je le feuillette, quel plomb ! Ma joue s'écrase navrée, l'oeil droit légèrement entrouvert et hagard sur la page de gauche...</span></div>
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<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;"><b>Les amorces qui vous assureront le succès</b>: je décolle l'oeil de droite...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;"><b>La reine de la pêche : la pêche à la mouche </b>: J'écarquille les deux yeux: vision panoramique en mosaïque sur les deux pages, ma bouche s'élargit tandis que bourdonne dans mon crâne une petite chanson lancinante diffusée en boucle toute la semaine sur mon pick-up par un suave insecte aux deux grands prismes noirs et carrés : je suis une mouche posée sur ta bouche... J'examine les mouches, toutes les mouches, une mouche à la fois:</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;"><b>Pêche à la mouche sèche, à la mouche noyée, à la mouche de surface, mouche de mai, mouche parachute, mouche anglaise à deux ailes , mouches de Halford à quatre ailes, mouche éphémère pour la pêche de l'ombre...</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">.... oui, c'est ça, la pêche de l'ombre, je serai une éphémère dans l'ombre de chaque instant, chaque instant de ma vie à venir...Je plonge dans les courants page après page puis j'arme, par l'arrière, mon plus<b> beau corps de mouche en coloris Tango </b>de tous les hameçons, un à la fois ....ils vont tous mordre, les uns après les autres ils vont me gober...une mouche à la fois...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><b><br />
</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><b>Hameçon invincible, hameçon de concours, hameçon à double barbe, hameçon forgé, hameçon bronzé à oeillet</b>... oh oui bronzé c'est beaucoup mieux, bronzé comme un portugais, chef de ligne de la révolution des oeillets, honoré par Moustaki en boucle sur le pick up en avant, chantant : avril au Portugal...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Soudain le plafond lézardé de la chambre de mémé se transforme en un vaste reflet miroitant à la surface de laquelle je flotte, sur le dos, sur le ventre, j’ondule, je me cambre, j’attends la crue qui monte doucement. Je suis une mouche, une mouche à la fois, je suis celle ci, et celle là encore, et dans la houle de l'édredon j'examine les types et les calibres et les performances et les accessoires de toutes ces vigoureuses cannes à pêches sur lesquelles je me balance...promesses à venir..une pour chaque jour, une pour chaque humeur, pour chaque mouche, une à la fois...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Pour les jours de tendre affection: <b>moulinet à bobine enveloppante.</b></span></div>
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<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Pour les séances plus sportives : <b>moulinet à récupération rapide.</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Pour les jours d'humeur méditative et silencieuse <b>moulinet sans pick up apparent</b>, tant pis pour Polnareff, ce sera pêche à la mouche muette, une fois n'est pas coutume, mais toujours posée sur sa bouche, une bouche à la fois...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Pour les grands soirs :<b> moulinet Pen Senator ou bien moulinet de luxe Catcher.</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Pour les fins d'après midi indécises et de petite forme: <b>moulinet de traîne à bobine tournante.</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Pour les orgies : <b>moulinet à main multipliée et corps alliage moulés.</b></span> </div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">...<b>avec au bout une très forte virole à succion et vis en mâche-fort d'acier</b>, diantre...!</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><b>Ou bien ligaturée en soie</b>... voilà qui est est plus sûr et ... très racé...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;"><b>Moulinet avec repère d'emboîtement muni d'un bouchon obturateur et de manchons renforcés gainés en caoutchouc </b>: ouf! tant mieux.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Et pour les jours de dégourre : <b> Moulinet Mitchel haute performance même pour les thons .</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">La fine mouche que je suis pose une option sur la<b> nouvelle canne à lancer, mi lourd, celle qui ne vous lâchera jamais! avec gaffe télescopique monobrin pouvant être portée à la ceinture, équipée d'un pick up apparent avec anse au panier, et de deux coussinets auto lubrifiants avec système de ramassage au doigt... </b> C'est décidé, moi non plus je ne la lâcherai pas!</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Voyons les options à présent :<b> frein doux mais extrèment puissant et anti retour accessible, frein très sensible avec bobine à capot</b>, (tire la bobinette et la chevillettte cherra), <b>frein de traction progressif, frein anti inertie</b>... parfait ce dernier: l'endurance c'est important...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">Il est temps de passer à l'esthétique, j'examine les faciès:</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;"><b>Tête de scion chromée bien dure, tête de scion renforcée, tête de scion à barrettes</b>... à barrettes? ma foi, un peu de féminité ne devrait pas nuire à l'ensemble....</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Il fait chaud dans la chambre de mémé, l'édredon moite me colle aux reins, fébrile je tourne la dernière page: <b>Pêche au coup et pêche au vif.</b> Je m'immobilise et suspends mon souffle. Ici je rentre dans un autre univers, finie la bagatelle, l'atmosphère devient plus lourde, feutrée, on n'entend plus voler une mouche, mon coeur s'accélère...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><b>Extraordinaire monture à poisson mort; elle est casquée avec un dos strié et un nouveau leurre tournant présentant tous les avantages du devon: extrêmement meurtrière.</b>.. Je prends! Mais aussitôt je pense que les jambières en ciré vert du catalogue ne feront pas l'affaire, il me faudra trouver des bottes à lacets et des jambières de cuir noir... Soit ! je suis la mouche fatale, pas un ne m'échappera, un à la fois...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Cet extraordinaire engin possède<b> trois options pour ses avançons articulés</b>:</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
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<span style="font-size: large;">1.<b>Bas de ligne Ferax avec émerillon à coeur Liliput</b>. trop mièvre pour moi.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">2.<b>Bas de ligne sans noeud dite queue de rat</b>. C'est une plaisanterie?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">3. Tandis que <b>les avançons Garcia Long Belly sont décentrés avec un fort diamètre sur la partie antérieure ce qui en fait un modèle très apprécié</b>... que j'adopte, fermement convaincue que le diamètre est important.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"> Je ferme les yeux, pose dans un long soupir l'album sur mon ventre et m'étire sur l'édredon...je m'envole, d'un vol de mouche sinueux et virevoltant sur touts les grèves du réseau fluvial de France et de Navarre, et qui sait... d' outremer ?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Soudain la voix tonitruante de mémé retentit derrière le carreau et fait exploser l'oeuf en chocolat:</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">-Allez grande paresseuse tu vas pas rester encore enfermée tout l'après midi, viens avec moi jusqu'à la rivière, ça va te ravigoter un peu !</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">D'un bond je saute du lit:</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">-j'arrive mémé, j'arrive!</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Je m'agenouille pour lacer précipitamment mes baskets et jette un dernier coup d'oeil au pavé magique, qui telle une bible lubrique exauce ma dernière prière:</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><b>Large bourriche à long col permettant une introduction facile du vif avec aérateur à pile pour sa longue conservation en position allongée.</b></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Désormais j'ai tout ce qu'il faut, merci Manufrance, je suis armée, que dis- je, parée pour la vie...à venir...</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">-Allez, grande sauterelle, en route!</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">-Une mouche memé! je suis une mouche!... une mouche à la fois.</span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-41294174646884596152012-12-01T08:11:00.000-08:002013-03-15T05:15:05.273-07:00La chute des anges rebelles<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Avant mon départ, nous avions travaillé avec une photographe inconnue. Elle nous envoyait à chaque séance un couple de ses photos. </i></span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Les deux premières étaient celle d'un oiseau écrasé sur le macadam, associée à celle d'un bel enfant nu dans une baignoire d'eau mousseuse au regard inexpressif fixant l'objectif.</i></span><span style="font-size: large;"><i> </i></span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<br />
<span style="font-size: large;"><i>L'évidente opposition du binôme qui allait très banalement se répéter à chaque envoi, avec des sujets différents, me fit choisir l'option d'écrire une nouvelle humoristique avec comme unité de lieu, mon seul balcon réceptacle de l'irruption des doubles images. . Le challenge resta de garder une cohérence au récit conservant ma thématique de la chute des anges rebelles. </i></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><i>Figure ici le premier épisode</i></span><span style="font-size: large;"><i>, et comme souvent dans mes fictions, mémé n'est jamais bien loin.</i></span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="color: black; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Il pleut des anges.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Depuis plus d' une semaine je me laisse conter qu'il pleut des anges, à verse, sur les pages des cahiers, sur les écrans d'ordinateurs.</span><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> Les yeux dirigés vers le ciel, je déchiffre ces histoires en suspension, ces fables d'anges nus dans l'eau du bain, d'anges savonnés, d'anges à la peau blanche, sans aspérité, au regard d'éther que rien n'accroche.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">On me dit qu'il pleut des anges propres, lisses et parfumés, qu'ils se laissent capturer au sol et plongent en silence leurs plumes légères dans le bouquet de la mariée. Ils la guettent par en<span style="font-size: large;">-</span>dessous, <span style="font-size: large;">tout sourire, sourire<span style="font-size: large;"> d<span style="font-size: large;">'éther,</span></span></span> pour l'accompagner vers l'autel tranchant du sacrifice. </span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">On raconte même qu'ils affectionnent les mariées encore vierges, vierges des anges à venir, des anges enfantés. Ils suivent du regard la marche nuptiale. </span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> <span style="font-size: large;">L</span>'air de rien</span></span><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> <span style="font-size: large;">i</span>ls scrutent le port altier ou innocent des putes consacrées, béates, qui n'ont pas encore eu vent de la chute <span style="font-size: large;">proch<span style="font-size: large;">aine </span></span>: de ceux qui ont les<span style="font-size: large;"> </span>plumes crottées et ensanglantées, frères rebelles de chair et de sang, ceux qui se fracasseront sur l'asphalte de la vie, loin des baignoires amniotiques... </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">On me conte encore qu'à la sortie du bain ils prennent les mariées par la taille et s'envolent avec elles dans une ascension légère, sans aspérité, laissant derrière eux le sillage docile d'un voile de traine, volutes de mousseline duveteuses aux vapeurs de shampoing céleste et que, parvenus tout au sommet, si quelque mariée se penche pour regarder, ils remontent le voile de traine pour lui voiler la face.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Aujourd'hui: ciel de traine, mais le bulletin de la mi-journée annonce une nouvelle chute d'ange sur les reliefs <span style="font-size: large;">pour la</span> fin d'après midi.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Alors, penchée à mon balcon de pelouse, fébrile, agrippée des deux mains à mon appareil photo en alerte, je guette l'orage qui rôde, tarde à se diriger vers ma colline. J'ai réglé le zoom et le grand angle: j'attends, je scrute la chute des anges rebelles.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Vais-je les reconnaître? </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Pour m'y aider j'ai affiché sur les vitres des porte-fenêtres le reflet des toiles des grands maitres. Vais-je les reconnaître? Je scrute Rubens, je me tourne vers Bruegel... Ont-ils peint d'après nature? Etaient-ils dehors lorsque l'orage s'est abattu? Les ont-ils saisis vivants? Je fais appel à Doré. Il me faudrait plus de vitres...Ont-ils peint comme seuls modèles les cadavres retrouvés après l'averse? Les ont-ils animés par le pinceau de leur regard? Comment vais-je les reconnaître? Je prend la loupe et me penche sur le tracé au crayon de Doré... Mon dieu il me faudrait plus de fenêtres... Comment seront ceux d'aujourd'hui? </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Vais-je les reconnaître?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Postée derrière mes carreaux j'aperçois enfin en transparence dans le reflet des toiles l'orage qui progresse lentement<span style="font-size: large;">.</span> <span style="font-size: large;">I</span>l monte jusqu'à ma colline, s'approche de mon immeuble haut perché<span style="font-size: large;"> :</span> roulement sourd d'une énorme bâche qui se renfle et ondule telle une panse gonflée <span style="font-size: large;">charriant</span> ses remugles. </span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">J'ouvre grand les porte-fenêtre<span style="font-size: large;"> ;</span> pour l'instant ne me parvient que la fraîche et fugace évaporation des anges au bain enlacés à la taille des mariées. Je m'avance et respire cette haleine pure de terre mouillée, de feuilles froissées et d'humus ensemencé, cette odeur capturée dans la terre chaude qui s'entrouvre et remue et s'imprègne et s'exhale dans le souffle frais d'un battement d'ailes, souffle éphémère, bourrasque innocente, annonciatrice des choses graves à venir, <span style="font-size: large;">l</span>es choses lourdes : le déluge des frères de sang, la chute des anges rebelles.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Soudain l'orage explose sous mes yeux. Un rideau opaque, lourd et suintant de duvet mouillé, une odeur âcre de peau tiède qui transpire sa peur sur les plumes ébouillantées, et puis le bruit, le bruit: claquements de voiles assourdissants, coups de fouets, secousses, souffles violents, brassage de l'air, des courants qui se chahutent... Ils sont des milliers qui se précipitent. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Vais-je les reconnaitre? </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">je me penche contre la balustrade, je tends la main, tente de les retenir<span style="font-size: large;">...</span> <span style="font-size: large;">J<span style="font-size: large;">'entends</span> l</span>e<span style="font-size: large;">s</span> becs entrouverts qui s'entrechoquent<span style="font-size: large;">...</span> <span style="font-size: large;">D</span>es pattes froides s'agrippent à mes poignets une seconde puis se relâchent et glissent, raidies, attirées vers le bas avant que je ne puisse les saisir. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">J<span style="font-size: large;">e perçois</span> des chocs sourds sur l'aspérité de l'asphalte qui couvre la cour de l'immeuble... Je me penche, je scrute et ne distingue qu'un informe souvenir d'enfance qui se compose dans mes yeux... Mon appareil photo crépite, mais je ne saisis rien. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Alors je scrute mon souvenir...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Le balcon de la ferme au dessus du tas de fumier, les mains rugueuses et solides de mémé autour des pattes raidies, les froissements d'ailes convulsifs, la vie rouge qui coule du bec en silence sur le tas immonde, la cuvette d'eau bouillante qui fume, l'odeur douceâtre et chaude des plumes mouillées, l'aspérité granuleuse de la peau blanche qui découvre ses cratères sous les plumes arrachées...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je quitte mon balcon, je décolle des vitres le reflet des toiles, les range à leur place dans l'écran soigneusement pliés dans la fenêtre de Google, ferme les portes puis résignée, vais me faire couler un bain.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Plongée dans l'eau savonneuse, je ferme les yeux<span style="font-size: large;"> dans le silence.</span> Je glisse, m'endors doucement, longtemps, très longtemps.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Au réveil, l'eau est encore tiède. Vide et lavée de toute pensée, je fixe le plafond qui me contemple attendri: je dois être absolument merveilleuse, alors, docilement, j'affiche pour lui un sourire d'ange et je me laisse prendre les yeux ouverts, sans aspérité. L'orage semble s'être éloigné, le soir approche.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Quelques instants plus tard, lorsque enveloppée de mon peignoir d'éponge rouge je vais pour ouvrir les porte-fenêtres du salon, je distingue une chose immobile et raidie sur la bande de pelouse imbibée de mon balcon. Je m'approche, me penche: je découvre le poulet de mémé. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je saisis aussitôt mon appareil photo. Comme il fait nuit, je mets le flash et très vite, je le saisis tout cru.</span><i> </i></span></div>
<div style="color: black; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: left;">
<span style="font-size: large;"><i><br />
</i></span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-29915421955429176572012-11-03T16:12:00.000-07:002015-09-14T15:33:42.174-07:00Plus belle la vie<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Chaque mois je proposais un exercice facultatif en dehors de l'atelier, trois mots commençant par la même lettre pris au hasard dans le dictionnaire à insérer dans un petit récit.</i></span></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i><br />
</i></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i style="color: #b45f06;">pour ce texte c'était les mots en D : </i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i style="color: #b45f06;"><b>Défiler, Dard, Distraction.</b></i></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><i style="color: #b45f06;">C'était l'époque des manifestations contre la réforme des retraites du gouvernement Sarkozy. Au retour de l'une d'elles m'est venue l'idée de ce texte en hommage posthume aux travailleurs trop précocement retraités.<b><br />
</b></i></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Après une journée de bricolage sur la terrasse , il aspire à une reposante <b>distraction</b> et décide de se faire une petite grille en sirotant une bière. En cette fin d'après midi de mai le soleil <b>darde</b> encore des rayons généreux alors il se rend au fond du jardin et tire un transat sous le saule.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Horizontal en six lettres:<b> où la majorette peut rencontrer le syndicaliste</b>. La première lettre est un D.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Une petite brise fait bruisser les feuillages et quelques insectes font une ronde assidue au dessus du verre de bière. Son regard se soulève, distrait par le vol lourd d'une étrange abeille considérablement velue et manifestement en surcharge pondérale; elle se pose sur la petite table en teck pour s'abreuver à une goutte de bière qui s'y est renversée. Une torpeur le gagne, les yeux mi clos, il l'observe un moment en souriant; elle va être saoule pense t-il.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Vertical en onze lettres: <b>son moment peut coûter cher</b>. La première lettre est un D.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Soudain, d'une vanne brusquement ouverte, une cataracte rauque et tonitruante se déverse sur la pelouse fraichement tondue et vient se fracasser contre son tympan: c'est le chant d'amour de Germaine revenue de Carrefour qui résonne du fond du garage." Dépêche toi de me décharger le coffre de la Twingo, je vais vite préparer une pizza sinon on va rater plus belle la vie!"</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Il se lève à contre coeur, mais préfère s'acquitter de cette tâche rapidement pour terminer la grille avant le feuilleton.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Pendant ce temps son compagnon de comptoir , en réalité un redoutable frelon de type Vespa Velutina, clandestinement immigré d'Asie à bord d'un container de houblon transgénique dont il s'est gavé sans compter durant le trajet , se remet mal de la rasade de Kronembourg pur malt. Il s'élève en voletant péniblement , s'agrippe au rebord du verre dont il ne tarde pas à glisser et fait un piqué dans la mousse.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Quelques instants plus tard petit père reprend gaillardement son crayon et son télé sept jours. </span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Lentement, le soleil décline sur le périphérique, prend solidairement sa place dans le <b>défilé</b> des derniers banlieusards retardataires et les embrase généreusement par l'arrière d' un rougoiement flamboyant. L'ardeur de cette tonalité révolutionnaire ne parvient cependant qu'à les distraire davantage du paradoxe d'avoir travaillé plus pour gagner de quoi payer les dernières traites du téléviseur HD dont il vont sans doute manquer le feuilleton favori si ça se dégage pas un peu plus vite bordel de merde! </span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">En contrebas, le lotissement vacille dans le mauve pastel. Telles de vaillantes sentinelles, l'ombre des nains de jardin s'allonge sur les haies de thuya encore illuminées et le bourdonnement des insectes fait place au murmure des tubes cathodiques égrenant en choeur l'invariable bulletin météo. Il confirme bien le maintien de l'anticyclone jusqu'à vendredi avant l'arrivée de la ponctuelle perturbation du week-end, laquelle, propice aux grasses matinées réparatrices, garantit à la France qui se lève tôt sa productivité pour la semaine successive et ensoleillée. </span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Horizontal en quatre lettres :<b> bien planté peut être cuisant</b>. La première lettre est D, </span><span style="font-size: large;">il cale un petit moment</span><span style="font-size: large;">.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">"Dédé nom de dieu, t'as intérêt à rappliquer<b> </b>dare dare<b> </b>sinon tu vas manquer le début!"</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Hé hé!? voilà ! Il jette triomphalement le journal sur la table et en se levant avale précipitamment sa dernière gorgée de bière.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Ce n'est que lorsque sur l'écran <b>défile</b> le générique de fin que Germaine découvre avec effroi qu'elle vient d'engloutir par <b>distraction</b> le part de pizza de son mari.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Quant à lui , derrière la porte entrouverte de la cuisine, plaqué horizontalement sur les pavés auto-blocants de la terrasse qu'il a fini d'ajuster cet après midi, bouche ouverte face au ciel étoilé, dans un borborygme de contentement s'échappant difficilement de sa gorge congestionnée par le choc anaphylactique, il regarde</span><span style="font-size: large;"><b> défiler </b></span><span style="font-size: large;">la dernière série d'images des moments de sa vie: les plus beaux, car Dédé est résolument optimiste; tous les grands moments qui ont rendu plus belle sa vie.</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Il vient d'achever celui des dernières vacances d'aout en caravane au Grau du Roi, et arrive au final, dans un dernier souffle quelque peu obstrué: celui de la semaine dernière, la soirée à l'amicale organisée par les copains de l'usine pour fêter sa retraite, avec ces somptueux cadeaux: un petit écran plat pour la cuisine, un abonnement de dix ans à télé sept jours incluant le hors série bi-annuel de mots croisés, la collection complète de Fréderic <b>Dard</b> en couverture brochée et une caisse de Kronembourg premier cru.</span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-91647349065471663152012-11-01T15:55:00.000-07:002013-02-16T15:47:55.268-08:00liste des 30 questions qu'on a gardées pour la fin et qui finiront par se poser<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><i>Nous avions travaillé pendant un trimestre sur les listes. tout d'abord faire des listes puis à partir de ces listes développer une thématique, venait alors une autre liste... ce travail avait été fort intéressant et je dois dire tout à fait ludique...</i></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><i>J'ai voulu jouer ici sur la reformulation, une variation autour de trois ou quatre images récurrentes. Avec un léger basculement d'un registre à un autre.</i></span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">1.Comment ne pas détourner le regard quand l'automne se défarde?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">2.Comment rattraper ses heures ignorées?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">3.Comment faire demi tour quand on a toujours marché dans la vie le sexe en avant?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">4.Comment presser le printemps de tailler ses crayons de couleur?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">5.Comment faire semblant d' attendre encore des heures qu'on a déjà vécues?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">6.Comment montrer qu'on n'est pas encore tout à fait ce qui se voit?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">7.Comment se déshabiller sans rester déguisée?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">9.Comment sourire à l'hiver, lui dire qu'il est bien pâle et raide et froid, et qu'il nous inquiète et le prendre doucement par la main et lui proposer de rentrer se coucher? </span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">10.Comment avancer sans rouler devant un autre qui marche derrière nous?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">11.Comment conserver nette la ligne d'horizon quand on la regarde à la jumelle assise dans un fauteuil?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">12.Comment se déshabiller devant celui qu'on aime sans qu'il pense que c'est parce qu'il fait chaud?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">13.Comment rendre flou ce qui se précise inexorablement?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">14.Comment être certaine qu'on n'a pas déjà étreint la ligne d'horizon puisque depuis quelques temps on ne lui est plus perpendiculaire?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">15.Comment cacher qu'on n'est plus celle qu'on voudrait montrer?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">16.Comment convaincre l'été de nous inviter à sa partouze?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">17.Comment montrer qu'on est encore celle qu'on cache?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">18.Comment expliquer à celui qu'on aime que si on s'est souvent plainte c'est parce que si souvent on ne s'est pas plainte?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">19.Comment s'habiller en couleur pour farder ses idées noires au lieu d'emprunter à l'hiver sa cendre et sa poudre de riz?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">20.Comment rappeler à celui qu'on aime que celle qu'on ne lui cache plus lui avait toujours échappé?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">21.Comment reculer devant ce qui s'ouvre en grand et qui nous fait si peur?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">22.Comment demander à l'été de bien vouloir attendre que le printemps ait usé tous ses crayons de couleur?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">23.Comment ne pas se cogner contre ce qui se ferme?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">24.Comment écarter ce qui s'ouvre en grand si ce n'est en baillant ostensiblement d'un air désintéressé?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">25.Comment continuer à faire croire à celui qu'on aime qu'on lui ressemble?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">26.Comment faire comprendre à l'automne que même si le jaune-orangé lui va à ravir, cette couleur risque de ne pas lui porter chance?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">27.Comment franchir le pas quand les jambes se dérobent et qu'un rai de lumière filtre encore sous la porte?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">28.Comment cesser de hurler à celle qui frappe à l'autre porte qu'elle est franchement trop en avance?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">29.Comment annoncer à celui qu'on aime qu'on va devoir raccompagner l'hiver et l'assurer qu'on va revenir?</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">
<span style="font-size: large;">30.Comment tirer un trait définitif sur tout ce qu'il y a derrière la porte et écrire sur un rai de lumière, d'une écriture bien droite: " je m'en doutais."</span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-40284281022967139252012-11-01T14:36:00.000-07:002015-10-02T18:43:48.646-07:00Les pas de la fuite<div style="text-align: center;">
<i style="color: #b45f06;"><span style="font-size: large;"> </span></i><br />
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<i><span style="font-size: large;"> Une écrivain suisse, <b>Noëlle Revaz</b>,
en résidence à la médiathèque de St-Etienne avait souhaité travailler
avec nous pendant quelques temps. Une des séances de travail qu'elle
nous avait proposées portait sur la matière de la langue : écrire un
texte en une seule et unique phrase</span></i><i style="color: #b45f06;"><span style="font-size: large;"> où différentes époques et plusieurs lieux étaient parcourus. </span></i><br />
<i style="color: #b45f06;"><span style="font-size: large;">J'ai donc conjugué plusieurs temps dans cette marche en conservant un pas régulier. </span></i> </div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<style><!--
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<br />
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">Immobile dans le
canapé, je tourne les pages glacées du magazine sans regarder, sans m'arrêter,
jusqu'à la page en noir et blanc où je marque le pas parce que soudain dans l'image
quelque chose se dessine, quelqu'un se profile, se dresse derrière ce petit
montagnard transalpin d'avant-guerre dont je sens l'écho des pas marteler ma
tête à rebours, quelqu'un qui me ressemble, se souvient, entame à
nouveau sa marche derrière les pas d'un autre petit garçon, celui d'un autre continent,
celui que j'avais suivi à 18 ans sur le toit de la Pampa, entrainée
par les notes aigrelettes de sa flûte enchantée qui rythmait la marche de mes
pas, qui m'étourdissait, m'éloignait peu à peu de votre souvenir, étouffait
votre choeur entêtant lorsque vous,
ramassées le soir en conciliabule, m'offriez votre dos et que moi, loin
déjà de quelques mètres, j'essayais de suivre votre conversation derrière le
paravent du dortoir qui distordait l'aigu de vos paroles, étirait sous mes
draps roses le piaillement de vos puériles aventures de la journée, toujours
les mêmes, dans un paysage que je leur inventais fastueusement aride pour
accorder à mon sommeil naissant un lit d'images grandioses sur le fil de vos
inepties qui distillait en moi l'envie de partir loin, loin de vous, de vos manigances de
poupées perfides et enjouées, d'élèves modèles, niaises mais tellement à
l'aise, solidairement accolées, si bien installées, si bien intégrées dans le
carcan suffocant d'un monde que moi j'avais déclaré provisoire, auquel je
résistais sans l'affronter puisque je n'avais pas la carrure, que je laissais
patiemment s'abattre sur moi sans broncher, couler sur moi, m'imprégner jusqu'à la chair de ses
viscosités comme une bruine insipide, poissante, qui m'embourbait, m'engluait,
gommait mes contours, les condamnait à onduler dans une silhouette diaphane
d'aquarelle, si maigre, si frêle, si évanescente, dont je parviendrais un jour
à m'extraire pour la tracer ailleurs, à la mine de plomb de préférence, l'incruster ailleurs, loin, loin et
haut, un jour, un autre jour, un peu plus tard, quand je ferais crisser sous mes pas le
sol dur et sec d'un désert minéral au son claquant des syllabes de l'Atacama
que je ferais cingler à vos oreilles comme un chant de flûte strident pour vous
faire taire, lorsque mes jambes seraient suffisamment longues pour escalader le
toit, pour sauter par-dessus le
portillon de l'école, lorsque mes
épaules seraient assez fortes pour porter le sac à dos et mon cou solidement
vissé dessus pour que mon regard ne se retourne pas en arrière, parce ce qu'il laissait derrière
c'était bien assez lourd, parce
qu'il en restait toujours des bribes dans les oreilles, des lambeaux dans la mémoire et dans
les tripes et dans les os et dans les fibres du coeur et qu'il fallait bien
trimballer tout ça au-dessus des océans
et déjecter tout ça sur les sentiers, ensevelir tout ça sous les éclats de schiste et de
silex, l'écraser sous les
chaussures au rythme de mes pas qui ascensionnent sans jamais s'arrêter, qui
martèlent le toit du monde, là où
l'air est si pur, si
transparent, si compact que ce qui
reste encore à l'intérieur se durcit puis se broie, s'effrite comme les photos caduques d'un magazine froissé
d'avant la résistance, d'avant
l'échappée, d'avant l'exil, jusqu'à ce qu'un jour, un autre jour, un peu plus tard, un peu plus loin, encore plus haut sur un autre toit, tout ça remonte comme un bouchon de
lave en fusion éjectée d'un volcan d'altitude que je croyais éteint sur des
hauts plateaux qui n'étaient pas encore assez hauts, que les explosions me
fassent sursauter comme des portes de dortoir me claquant au nez, projetant des boules de souvenirs en
pierre ponce qui rouleront sous mes pas,
me feront trébucher,
remonteront dans ma gorge pour être régurgitées, nez contre terre, la bouche remplie de terre, la morve au
nez, le nez planté dans mon identité brinquebalée sur tous les toits du monde
parce que désormais le monde est devenu si petit que je me dis que si
j'arrêtais mes pas il ne serait même pas plus petit, et que fuir ou rester ou
écouter la flûte enchantée ou feuilleter les pages du magazine glacé au fond du
canapé c'est un peu pareil, que continuer à tourner les pages en couleur ou même
en noir et blanc ne me fera ouvrir que le rideau
d'une autre frontière, la porte d'un autre moment, celui où, ne pouvant plus que ramper jusqu'au canapé, je m'accrocherai tremblante à
l'accoudoir pour tourner la dernière page sans m'apercevoir que j'ai juste
changé d'accoudoir, et d'accoudoirs
en illusions j'en rêverai une suivante parce que dans la tête il pousse encore des jambes pour les
prendre à son cou, pour en
inventer une autre et puis, pas après pas, une autre encore, page après page j'écrirai jusqu'à
m'étourdir, pas après pas je fuirai sans ne jamais m'arrêter afin d'étouffer ce que
j'ai entendu, effacer ce que j'ai
lu, tamponner ce que j'ai absorbé, tout ce qui m'a pris ma mémoire, toutes les partitions que je n'ai fait
que jouer dans l'espoir d'être vue, entendue, jusqu'à ce que je débouche sur ce que je croirai être la dernière page, la
page-canapé, la page du dernier moment, celle d'ici, celle de maintenant, et je me leurrerai à croire que je suis parvenue au moment de vérité alors que nous ne sommes jamais que les
fragments d'un moment, opaque et
transparent, que nous ne
sommes que des échos quotidiens, de braves petits soldats évanescents défilant au pas régulier du soir au matin, vêtus du même uniforme aux mêmes couleurs
flamboyantes le soir, au même gris
perle à l'aube, ce gris de l'aube intolérable, atrocement transparent,
cruellement opaque, que seul le vert de gris des grandes plumes des morts nous
semble digne de parler pour nous alors que désormais les écrits universels mal digérés sifflent entre mes dents leurs couacs de fibres et de
salive mastiqués par d'autres bouches,
bouches à bouches ambulatoires qui m'embrassent la bouche pleine, pleine de fibres remâchés, et ils empâtent ma langue,
l'encombrent, tordent ma bouche, encrassent ma plus belle plume
qui jamais n'a chatouillé ni rien ni personne puisque que tout le monde parle en
même temps, puisque personne
n'écoute personne, puisque chacun reste vautré sur son canapé sans désirer se départir de ses propres échos pour explorer un tant soit peu l'étoffe des coussins de l'autre, si ce n'est la pulsion d'en agripper les franges pour se fracasser dans
l'orgasme assourdissant avec comme seul projet celui d'y étouffer l'aube grise, l'aube qui revient
quand même, transparente et
opaque, immobile et intolérable, et si l'aube les attarde encore sur le canapé ce n'est que pour y imprimer leur mémoire de forme en écrasant celle de l'autre, car les formes sont des histoires dangereuses, des histoires à dormir debout qui risqueraient de faire sursauter les leurs, car
pour peu qu'ils attardent le regard sur les fossés les plus sombres, pour peu qu'ils caressent des mains les trajets
les plus secrets, pour peu qu'ils suivent du
doigt en souriant les contours les plus frêles, ils y reconnaitraient la même misère
blottie dans la même turpitude intolérable à l'aube grise, l'heure pour moi de prendre congé de ces silhouettes gisantes sur les canapés avachis avec juste le remerciement d'usage pour nos deux plaisirs désaccordés pris ensemble dessus,
plaisirs d'ici, plaisirs de maintenant, identiques à ceux d'ailleurs, ceux
d'après ou ceux d'avant sur d'autres canapés, délivrant les énièmes bouches à bouches qui me
laisseront inerte et suffoquée à chaque aube grise, jusqu'à ce qu'un soir
d'apparat en talons aiguilles je me jette du boudoir public dans un saut de
l'ange théâtral et que derrière le rideau gémissant il ne reste plus pour m'accueillir que le sol nu, la terre
nue où je me glisserais nue pour me réchauffer de cette
solitude et que j'y perçoive, tamisée dans les entrailles
souterraines, cette étrange
réplique à peine audible d'une autre petite fille, celle qu'on avait laissée
pour morte derrière le paravent du dortoir, celle qui ne jouait pas puisqu'on ne joue que ce qu'on
connait déjà, celle qui ne s'était enfuie nulle part ailleurs, celle qui n'avait foulé aucun toit nulle part ailleurs, celle qui derrière la porte avait juste crié en silence :
" c'est pas grave, heureusement que je m'ai ! " et que j'écoute sa pauvre réplique sans
avoir besoin de la répéter, sans avoir besoin de la transcrire, et que j'en sente toute la bonté, et que j'en perçoive le désir essentiel, et qu'enfin je me retrouve à cet endroit précis, à ce moment précis où je pourrais jeter ma piètre plume, la plume qui n'écrirait pas le fragment
de ce que j'aurais pu jouer encore par habitude si j'avais eu un moment de plus
pour marcher encore, juste un peu
plus loin, encore un moment de
plus pour m'approcher hélas du dernier anonyme en habit de théâtre
errant dans le même couloir de sursis que le mien, l'anonyme aux milles échos,
celui de trop, réanimant tous les verts de gris dans de grands verres de rouge pour enchanter
le monde, l'anonyme aux milles noms en i, en o,
en ice, en hissez haut pour me faire tomber encore plus bas, qui tendrait
ses milles baisers à mille visages,
ici et là, et là encore,
celui dont j'aurais cherché le regard pour qu'il me conduise un peu à
moi, celui que j'aurais voulu
accompagner pour le conduire un peu à lui, lui et tous les bons passeurs de son
espèce qui m'avaient frôlée sans me voir en remportant leur écho, tous ceux que je sens encore
au creux de mon ventre, mon ventre vidé de coeur, mon ventre vidé de bras, vidé
de jambes, mon ventre encore tendu d’avoir accusé les coups, mon ventre sur lequel repose la page que je triture et rature jusqu'à ce que jaillissent en défonçant la porte tous les pas de mon enfance, et qu'à cet endroit précis, à ce moment précis, j'accouche enfin de mon désir ancien aux vrais échos de sagesse, le désir de toute une vie énoncé en quelques mots par une petite fille que je n'avais pas entendue mais qu'heureusement j'ai encore, qu'heureusement j'ai encore, elle que je reconnais, à qui j'ouvre la porte, que je laisse s'installer en moi pour respirer son souffle, me caler sur le souffle de son désir, calme, régulier, essentiel, le désir de me suffire, de
vivre et de me suffire jusqu'à l'aube grise, presque blanche, un peu mouvante, légèrement entrouverte, tout à fait tolérable.</span></span></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="line-height: 150%; text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
</div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-14872961996228791102012-11-01T12:42:00.000-07:002015-09-14T15:37:55.344-07:00CAROLINE, ou six F dans une botte de foin.<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<i><span style="font-size: large;">Pour ces deux mois d'été j'avais doublé la mise: nous en étions à la lettre F, six mots au lieu de trois. C'est <b>Foin</b> qui est sorti en premier du dictionnaire, alors forcément m'est venu aussitôt ce souvenir d'enfance, authentique celui-ci, un souvenir d'été, un souvenir à corne... </span></i></div>
<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<i><br />
</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><span style="color: #b45f06; font-size: large;"><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Foin Frisson Fugue Fantasme Fabuler Fessée</b></span></i><br />
<span style="font-size: large;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Nous sommes en 1963 peut-être, début juillet c’est certain ; je crois que j’ai six ans, on m’appelle Néna, porqué soy una ninia. Il fait très chaud, les mouches sont enragées, l’air est lourd de menace et je sais que c’est pour cette raison que ma grand mère et mon oncle sont partis précipitamment pour rentrer le</span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> foin</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> avant que l’orage n’éclate, me laissant seule à la ferme.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">J’ignore encore que dans quelques instants je vais devoir affronter un épouvantable face à face avec Caroline.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Ils sont seuls désormais à trimer dans cette ferme misérable sans eau courante qu’ils ont achetée pour une bouchée de pain au sortir des camps de réfugiés et qui les nourrit à peine. Mon grand-père s’y est échiné jusqu’à ce que mort s’en suive. Est-ce que de s’acharner sur un lopin de terre étrangère et sans valeur alors qu’il n’était même pas paysan était une tentative gagnée d’avance de s’étouffer avec des racines déjà minées par Franco ? Moi, la Néna, je ne sais rien de tout ça, je sais juste que Pépé est mort. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Ma grand mère déteste le tas de fumier qui parade au milieu de la cour dans ses effluves nauséabondes et expose sans vergogne autour de lui son incontinence en flaques de purin noirâtres où pataugent les canards. Elle laisse gonfler au fil du temps ce monstre d’infamie, cette montagne de pourriture qui lui crache quotidiennement au visage sa déchéance de fière citadine madrilène. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Elle n’a pas le temps d’accomplir toutes les tâches et préfère parfois retrouver un peu de dignité en nous préparant une splendide paella élégamment décorée : un raffinement de mémoire d’avant la guerre civile lorsqu’elle était cuisinière chez de riches argentins. Elle nous la sert dans la cuisine au sol couvert de sciure que viennent picorer les poules désobéissantes en quête de miettes et de mouches mortes .</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">La Mémé voit aussi dans la ferme une source de tous les dangers pour la Néna .</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Il y a le puits dont je ne dois jamais m’approcher, où je m’amuse pourtant beaucoup à lancer des cailloux pour voir s’écarter puis se refermer lentement la toison de cresson maléfique qui maquille sa surface noire.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Il y a la grange où pointent souvent des fourches mal rangées, et puis surtout sa rangée de trappes dont le bâillement se dissimule dans le plancher mal balayé : sombres gosiers ouverts conduisant au râtelier des vaches. Dans ce troublant terrain de jeu silencieux à la lumière tamisée j’aime aller y respirer l’odeur enivrante, et surtout grimper sur l’échelle et faire du toboggan du haut de la montagne de </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">foin</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> en visant bien la trajectoire pour retomber sur mes pieds entre deux trappes . Je suis championne à ce jeu ! Plus l’été avance plus la montagne est haute, plus elle se rapproche des trappes et plus ça me donne le </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">frisson</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> ! </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Et puis il y a l’écurie, si étroite où je dois aller faire mes besoins avec ordre de m’épancher uniquement près des flancs de la tranquille Marquise, ou plus prudent encore, ceux de la Belle, la plus douce et paisible sur le dos de laquelle, avant même de faire mes premiers pas, mon oncle s’amusait à me percher .</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Pour ça oui, j’obéis à la Mémé, même si parfois je me risque à arroser les sabots de la Margot un peu caractérielle certes, mais qui ne m’a jamais impressionnée avec ses drôles de lunettes noires autour des yeux qui lui donnent un air de vamp de kermesse et ses petites cornes ridicules recourbées sur l’avant comme un porte fleur au-dessus de sa tête. Un jour, perchée sur le tabouret de traite, j’ai tenté d’y glisser un chou réservé à la soupe des cochons avant qu’elle ne me fouette d’un dissuasif coup de queue durcie de bouse séchée.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Mais jamais il ne me serait venue l’idée de braver l’interdit d’aller pisser à côté de Caroline .</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Caroline est une Montbéliarde, la seule blonde-rousse au milieu des noiraudes Hollandaises, géante mauvaise, haute sur pattes, au coup de sabot compulsif. Ses cils clairs lui donnent un regard acéré de teutonne et ses cornes, ses cornes… Madre de dios ! longues, écartées et menaçantes, pareilles que celles des zébus de l’encyclopédie! Même parmi les vaches je me méfie toujours des blondes.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Après une longue série de descentes vertigineuses de toboggan je décide d’un pas décidé de regagner la cuisine pour ne pas rater Thierry La Fronde.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Au troisième pas, peut être au quatrième, je disparais dans une trappe.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Ce jour là mon oncle n’a pas sorti les vaches, trop d’urgence sans doute à rouler le </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">foin</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">L’énorme naseau blanc de Caroline projette son souffle brûlant et humide sur mes jambes nues et maigres qui se sont encastrées dans un grand écart entre les barreaux de bois du râtelier. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je me souviens que je hurle, que j’appelle la Mémé de toutes mes forces, je me souviens que les yeux de Caroline s’élargissent entre ses cils si clairs, ils m’avalent, je vois que les cornes grossissent, s’allongent, se rapprochent, je sais que la gauche ou peut-être la droite va s’enfoncer dans mon ventre et que tout mon sang va sortir, mes jambes sont coincées, la mémé est au pré, je me tends, je m’agrippe des deux poings aux barreaux, la tête renversée en arrière je ferme les yeux, je me tais …et... </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">...j’attends l’éventration ! </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Quelques instants plus tard... quelques heures... une éternité... une enfance toute entière peut être, je sens sur mes jambes une brosse chaude, mouillée et râpeuse qui me parcourt.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">J’ouvre les yeux et je découvre la langue rose de Caroline qui lèche avec gourmandise le sel de ma sueur et de ma crasse accumulées de la semaine. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Dans deux jours ma mère viendra me chercher, elle me flanquera pour ma désobéissance la </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">fessée</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> d’usage, celle que la Mémé, comme d'habitude, ne m’aura pas donnée. Elle sera bien moins cuisante que ses railleries et celles de mon oncle au récit de ma frayeur. Ma mère vient me cueillir et me descend en ville régulièrement pour me plonger dans le bain désinfectant hebdomadaire. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je suis toujours tentée de rester un peu pour jouer avec les copines du HLM mais je préfère passer la majeure partie de l’été là haut seule avec les bêtes.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Après ma mésaventure, je reste cette fois-ci quelques jours dans la cour surchauffée de l’immeuble. Je descends la pente de la Vivaraize en patins à roulette avec la Mumu et la Chantal.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je leur raconte le trou, le râtelier, les cornes : elles n’en croient pas un mot, me disent que je </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">fabule</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> encore. J’ai perdu pas mal de crédit avec elles le jour où, après avoir presque réussi à les convaincre que le père noël était une foutaise, j’ai tenté de leur expliquer que les boules de gommes poussaient la nuit dans les choux. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Dans cette famille d'anarchistes et bouffeurs de curés, si on se refuse à laisser rêver la Néna à un barbu mercantile à pompon rouge, la Mémé, après la traite du matin, prend soin d’aller cacher entre les feuilles dans le carré de choux du jardin, quelques boules de gommes multicolores et transparentes que je vais cueillir à mon réveil parmi les gouttes de rosée, et que je fais durer toute la journée. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je m’en fiche, je me dis que ce sont des idiotes. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Ma mère me le confirme: la Chantal ressemble à Edith Piaf : elle est toute pâle, petite et rachitique; ma mère me dit que c’est parce que les Français ne savent manger que des patates, ils ne connaissent pas les légumes comme par exemple la rémolatcha. L’épicier non plus qui se moque de moi, parce que ma mère oublie toujours de me dire qu’il faut utiliser les mots français pour faire les commissions. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">La blonde Mumu m’assène que ma mère est une mauvaise mère parce qu’elle part à cinq heures du matin le dimanche avec mon père pour faire du vélo-course et qu’elle nous laisse tous seuls avec mon frère ; moi je trouve que c’est pas grave : dans la chambre on joue à Thierry La Fronde et à Isabelle en attendant sagement leur retour. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Alors elle me lance que l’après-midi on ne porte pas comme tout le monde les beaux habits du dimanche : c’est vrai, c’est le jour des survêtements vu qu’on va tous faire du cross au barrage. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Puis elle m’achève en disant qu’à Noël on n’a pas de sapin dans la salle à manger et qu’en plus je n’aurai pas la belle robe blanche de communion et la montre et les cadeaux et tout et tout… ! Le sapin je regrette un peu, mais la communion je sais même pas ce que c’est.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Ma mère me rabroue, me dit que ce sont des pauvres gosses, que leurs parents sont des imbéciles qui feraient mieux de ne pas gaspiller leur argent pour les emmener comme nous à la mer et qu’ainsi elles seraient moins pâles et rachitiques ! </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Nous on y va en 4L avec les vélos sur le toit, au mois de juin parce que c’est moins cher puisque c'est pas encore les vacances. En plus il n’y a pas de monde, et ma mère elle aime pas le monde. Elle descend jamais tricoter sur l’esplanade avec les autres mères, mais on l’entend par la fenêtre jouer du piano... bien moins beau que celui qu’elle avait à Madrid ! elle dit, d'un air triste. Début juillet je reviens toute bronzée, et elles, elles me racontent la fête de fin d’année de l’école que j'ai encore manquée</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je suis un peu partagée par tout ça, parfois je trouve que ma famille est peut-être un peu bizarre, que je ne sais pas bien où est ma place, en tout cas, pas dans le paquet de boules de gomme qu’elles ont acheté chez la marchande de journaux et qu'elles font passer exprès sous mon nez. Mais je me dis qu’elles sont très bêtes et je décide de remonter au Breuil chausser mes bottes en caoutchouc puantes pour piétiner le </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">foin</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> et la bouse de Caroline.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Au fil de ma croissance la Mémé autorisera mes </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">fugues</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> solitaires répétées dans la campagne à condition d’être escortée des chiens ; tant mieux, je les adore. Mes grandes marches se feront toujours plus exploratrices, j’irai bientôt jusqu’au plateau de la Barbanche, m’allongeant dans les sous-bois en mâchouillant des feuilles d’oseille pour saisir dans les nuages le visage de Thierry La Fronde. Il m’emportera serrée fort contre lui, cramponné aux cornes de Caroline lancée au grand galop pour de fabuleuses chevauchées avant de revenir me déposer dans le foin de la grange pour y ruminer au dessus de mes copines à cornes mes </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">fantasmes</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> enchanteurs qui me donnent la forme de la belle Isabelle.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Cette nuit comme souvent, je ne dors pas, aussi à cause de la Mémé avec qui je partage le lit et qui ronfle comme un cochon qu’on égorge. Alors je pense au sabot de bois d’Isabelle qui flotte en descendant le cours de la rivière; il est rempli de </span><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">foin</b><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> avec une plume plantée dedans : message codé pour Thierry afin qu’il vienne la délivrer des barreaux de sa cage.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">A cinq heures ma grand-mère se lève pour les travaux, je finis ma nuit au large jusqu’à neuf heures, j’avale mon cacao dans la cuisine en écoutant à mes pieds chantonner les poules qui grattent la sciure dans un rayon de soleil, je cours au jardin cueillir les boules de gomme... elles sont énormes ce matin! sans doute la pleine lune... J’appelle les chiens, la journée commence, l’été dure une éternité.</span></span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-90021392356283801432012-11-01T04:24:00.000-07:002013-02-16T15:39:33.088-08:00Mescaline à la plage<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #b45f06; font-size: large;">De ce texte très ancien, je ne me souviens plus la consigne précise. En tout cas la thématique était la mer. </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #b45f06; font-size: large;">Je m'étais fixée comme objectif la distorsion.</span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<br />
<i><span style="color: #b45f06; font-size: large;">D'une image, peut-être une réminiscence extirpée par la vue d'un même lieu. Distorsion des sens, distorsion du décor qui fait office de corps amnésique. </span></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i><span style="color: #b45f06; font-size: large;">La distorsion du temps donc. Alors j'ai conjugué ensemble ceux du présent et du passé pour la traduire au plus près de la sensation.</span></i></div>
<br />
<br />
<style>
<!--
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</style> <br />
<div class="MsoBodyText" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Au fond du verre de mescal, c’est là que ma gorge avait fait escale. Je regarde la mer, c’est la même. Elle enfle, rien n’est effacé. J’aspire le passage de la brise qui se lève. Elle vient du large, elle a encore l’haleine fraîche. La bouche entrouverte j’attends que les vagues se soulèvent pour leur donner à lécher la brûlure dans ma gorge<span style="font-size: large;"> encore </span> imprégnée. Elles déferlent. Ce sont les mêmes. Je les reconnais.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
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</div>
<br />
<div class="MsoBodyText" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 18pt;"> <span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; font-size: large;"></span></span></div>
<div class="MsoBodyText2" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Alors le corps d'une fille, défaite, se lève aussi. </span><br />
<span style="font-size: large;">Je crois bien qu’elle s’était endormie dans ses larmes, et c’est la marée qui monte sur elle maintenant. C’est pour ça qu’elle s’est dressée. Cette fois il le fallait bien.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Elle voit toute cette eau, bombée, plombée.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Au début le ciel s’était chargé de cendre, la plage ressemblait bien à d’autres plages mais avec plus d’eau que d’habitude. Disons que la mer était plus courbe, hypertrophiée, comme les chairs tuméfiées de ma gorge qui à présent laissent à peine passer le souffle, avec ce ciel énorme qui faisait poids dessus. Les sacs de nuages étaient à la limite de la surcharge, de l’eau brûlante certainement.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Une dilatation totale.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Et puis très vite leur cendre s’était embrasée<span style="font-size: large;">. I</span>ls avaient commencé par se rouler les uns sur les autres, se contractaient puis s’empoignaient jusqu’à faire corps avec la forme de l’autre, la couleur de l’autre, se laissaient glisser, parfois à plusieurs, sous la fureur de l’un d’entre eux plus sombre qui les étreignait, et puis ils en avalait un et puis un autre et encore un autre... Et au large la houle buvait jusqu’à plus soif, elle trinquait avec eux, au milieu d’eux, en dessous d’eux, au large et puis à l’étroit, toujours plus à l’étroit. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">J‘ai le souffle coupé à présent. </span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-size: large;">la houle</span> éructait ses crêtes écumantes, tant et si bien que là-haut, ils se sont employés à faire rentrer à l’intérieur ses langues haletantes qui se dressaient pour se défendre. A l’intérieur, la houle je ne la sentais même plus.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">La fille, elle est debout maintenant, elle recule, elle cherche un repère où il n’y a pas d’eau, un élément terrestre qui ne tangue pas, mais derrière elle - et derrière c’était tout petit - tout ce qui avait racine était en transe : les pins, les tamaris, les chênes liège se tordaient, quelques vieux palmiers dévertébrés s’arcqueboutaient et faisaient fouetter leur chevelure à terre, à gauche, à droite, en arrière. Ils dansaient, ils hurlaient, ils riaient aussi à coups de hanches déployées.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Un peu plus loin derrière, la lande est toujours plaquée au sol, couleur d’hématome. Seuls quelques îlôts de maquis se débattent encore, secoués de spasmes à moitié évanouis qui frappent encore dans ma poitrine.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<br />
<span style="font-size: large;">A la fin la fille s’était mise à tanguer, à ondoyer, à pivoter, à s’enrouler, à hurler, il semblait qu’elle riait aussi, à gorge étouffée, et puis là, maintenant elle s’affaisse. Elle se love, elle devient molle, sans aspérités, ronde, tiède, fluide, comme une gorgée. </span><br />
<span style="font-size: large;">Je ne p<span style="font-size: large;">eux</span> plus la protéger.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Ils ont rempli le verre encore je crois, et puis ma gorge aussi, et puis ils ont recommen<span style="font-size: large;">c</span>é, tous, les uns après les autres ils ont continué. Mais ce n’est plus la mienne, et moi je ne suis plus complètement là.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;">Son empreinte étendue, inerte, visible sur le sable juste devant la marée montante. </span><br />
<span style="font-size: large;">Je m’approche. Dans les yeux de la fille restés ouverts sur ma mémoire vacillante, je regarde le tableau gravé : c’est une marine, tourmentée, avec un corps qui sombre.</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><br />
</span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 18pt;"> </span></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="MsoNormal" style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Arial; font-size: 18pt;"> </span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-61688987362961372702012-10-02T16:53:00.000-07:002015-09-23T17:26:45.280-07:00Le chant du muscle<br />
<span style="font-size: large;"><br /></span>
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Ce soir l'envie de vin la pousse au port, envie de ne pas survivre à la solitude<span style="font-size: large;">.</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><span style="font-size: large;">A</span>lors Madame rejoint la foule. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Par la plage petite foulée sur l'ourlet de mer qui rosit sur son passage, de honte ou de plaisir, port de tête altier, il faut bien se donner des airs... </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Petite foule d'arrière saison sur le port. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Le bateau qui jouxte la table se nomme "Laisse Dire"... bonsoir, vous permettez? Madame s'assoit en tête à tête, susurre qu'elle n'est pas assez ivre de solitude, laisse dire les conversations des deux fois deux<span style="font-size: large;"> :</span> table de gauche jacassante, table de droite ronronnante.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Madame sait se tenir, elle ne coupe pas elle entonne, elle griffonne, elle rature, elle vomit en silence par dessus bord qu'elle n'a pas encore assez bu sa solitude.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Pourtant madame a le choix. Sur la carte aussi.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Et comme Madame sait vivre, elle choisit la formule à 12 euros avec les moules et les frites et le pichet de pourpre...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Madame laisse dire, madame acquiesce, Madame savoure entre deux coquilles son un fois un<span style="font-size: large;">.</span> </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Madame s'enivre, le bateau tangue, <span style="font-size: large;">clapote</span> la cadence, <span style="font-size: large;">laisse dire</span> le silence de son arrière saison qu'elle arrose allègrement de rouge... et le ciel, s'embrase, et le phare sur la baie lui cligne de l'oeil bras ouverts, une valse Madame? Tournent les bras de lumières, moulinets rasants sur le port, port de hanches cambré, un pas de deux, et un ! et deux ! encore une gorgée...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Madame oublierait presque, si l'humidité... que c'est l'arrière saison... qu'il faudra quitter le port à l'aube... </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">A l'aube, demain, encore...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Dès l'aube partir, jouer du muscle, valse des bras...Gonfler les pneus à sept, épouser la machine et la machine se meut, valse des bras, valse du corps qui travaille, qui file à belle allure...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Le corps de Madame est conscient, il travaille, mouline, ruse avec les développements, grand braquet, petit braquet, fait fi des courbes de niveau, tire sur la corde des ligaments, des tendons, des nerfs<span style="font-size: large;">...</span> broie les cartilages, brouille la cartographie des veines et des vaisseaux, fait reculer les cellules...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Sur la piste le corps de Madame insulte la douleur : à droite les agaves médusées s'écartent, à gauche les arbouses mûrissantes s'inclinent, en contrebas la mer scintille à tue tête contre la corniche, et la sueur martèle <span style="font-size: large;">au front, le sel ruisselle sur le</span> sel de la plage, <span style="font-size: large;">sur les pneus</span> la résine des pins transpire, et puis une pause encore sur une autre plage, et puis le maquis qui expire son haleine capiteuse, et les kilomètres s'affichent au compteur...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Madame s'engorge des dénivelés, Madame brasse, Madame chante, chanson à boire, le chant du muscle, Madame oublierait presque<span style="font-size: large;">...</span> chanson à boire au gué au gué... Madame oublierait presque l'ohé du bateau!<br />Et les figues de la Barbarie gorgées de sang se jettent en acmé sous sa roue avant, qui les écrase, indifférente, vulgaires épines, la roue tourne, elle roule en force dans l'arrière saison. <br /> </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Madame s'émeut, travaille du corps et la machine se meut, régulière, la valse des bras obéit au libre amant qui fait taire son laisser dire, à quoi bon dire... </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><span style="font-size: large;">C</span>omplètement ivre elle roule à fond, son corps exulte et sent bon vivre, elle se défonce, <span style="font-size: large;">madame</span> roule à fond perdu, Madame se fond dans l'arrière saison. </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Valse à un temps, encore un temps, au franchir de la ligne une cigale enthousiaste se frotte les mains... la dernière sur la route...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Hier les muscles ont remporté victoire. Demain peut-être encore, à l'aube, tout à l'heure, à fière allure ça c'est sûr... allez un dernier pour la route... </span><br />
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Je vous raccompagne madame ? merci c'est inutile.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Le port s'endort, immobile, repu dans l'ombre son ventre soupire. <br />Guerrière vaincue, elle n'a plus rien a dire.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-family: Georgia,"Times New Roman",serif; font-size: large;">Port d'épaules relevé, Madame se retire.</span></div>
<br />béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-32363948122072013802012-10-01T15:09:00.000-07:002013-02-16T15:50:19.967-08:00Vous avez un message !<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> <i><span style="color: #b45f06;">Une autre consigne beaucoup plus ludique que nous avait proposé Noëlle Revaz était celle des messages sur le répondeur téléphonique. </span></i></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><i><span style="color: #b45f06;">Une manière très concise de camper un personnage, voire une étude de cas clinique d'un contexte familial.</span></i></span></span></div>
<div style="color: #b45f06; text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">- Allo! c'est moi ta mère! bon c'est pour te dire que je t'ai gardé des petits pots en verre, tu viendras les chercher hein! y'en a cinq petits, un moyen, et deux gros. Allez au revoir</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">- Allo, c'est moi, c'est ta mère! Bon t'es toujours pas passée prendre tes pots, moi ça m'embarrasse dans mon placard! Et puis aussi si t'as besoin de chiffons, je suis en train d'en découper avec les draps de la mémé, c'est pas pour le ménage que tu fais mais bon c'est toujours utile les chiffons... Ils sont très bien ces chiffons... c'est du bon coton qui s'use pas, ça fait drôlement bien pour essuyer les pots... !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">- Oui allo c'est moi ta mère!! Bon et ben pour les chiffons tu peux toujours te brosser! et puis t'as intérêt à venir me rendre mes Que Choisir que je t'avais prêtés sur les machines à laver ! Tu l'as toujours pas remplacée ta machine? Ah ben il doit être propre ton linge! Je te préviens mes Que Choisir ils s'appellent revient ! De toute façon toi tu viens que quand t'as besoin de quelque chose! ton frère au moins il téléphone pour prendre des nouvelles! Et puis tu préviens avant de venir parce que moi ... Bon je raccroche y'a ton père qui m'appelle....</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> -Oui c'est moi, ta mère, je te rappelle que tu m'as pas toujours pas rendu mon livre de Michel Onfray! T'as vu ce qu'il a écrit sur ton Freud hein! Est ce que tu l'as lu d'abord? je t'avais souligné des passages! Quand je pense à ce que t'as dépensé pour tes dix ans psychanalyse! Et puis aussi, c'est comme mon flacon de diluant que je t'avais prêté pour décoller les étiquettes des pots, tu me l'as encore pas retrouvé mon flacon? je peux toujours lui dire au revoir! ... et puis au fait ...ah je te laisse, ton père me dit quelque chose....</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">- C'est remoi, oui c'était rien , encore ton père qui me dérangeait pour rien, il voulait juste savoir comment t'allais... Bon je t'ai gardé un numéro de santé magazine, y'a un article sur les anti-dépressseurs, et ben dis donc tu liras, ils disent pas du bon sur toutes les saloperies que tu t'enfiles ! Bon allez au revoir... Ah oui tu penseras à venir récupérer les pots, je vais pas les garder 107 ans!</span></span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-9408780754888169642012-06-04T16:06:00.004-07:002012-07-07T23:38:08.594-07:00Elle devant, eux derrière...<span style="font-size: 18pt;"></span> <br />
<div class="MsoNormal" style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><i>Les premières années, notre atelier était conduit par un écrivain, <b>Lionel Bourg</b>, Ce texte, un de mes tout premiers date de 1998. </i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i>Sa consigne était d'écrire une nouvelle très courte en respectant ses caractéristiques : </i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i>un fait précis autour de quelques personnages.</i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i> une entrée en matière in media res, un climat plus que des descriptions, et un dénouement vif et rapide.</i> </span></div><div class="MsoNormal" style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><br />
</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Elle l’avait promis aux enfants depuis des lustres déjà.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Ils en parlaient ensemble presque chaque jour. C’était surtout durant les longues soirées d’hiver, serrés les uns contre les autres en tribu babillante, qu’ils la sentaient le mieux, lorsque les paletots mis à sécher au dessus du fourneau laissaient évaporer toute leur froidure en une nappe de brume, flottante comme un sursis d’embruns au dessus d’eux. Les petites mains rougies de froid s’agitaient pour décrire les rouleaux d’écume, ils humectaient de leur langue le sel sur la bouche, ils la brassaient, et les yeux rieurs, quand on les regardaient de plus près, semblaient déjà refléter les scintillements bleus de l’océan.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Elle leur avait tout raconté maintes et maintes fois : les crabes sous les rochers qu’on peut surprendre entre deux vagues, les criques secrètes clinquantes de galets blancs, les jolies crevettes lustrées qui rigolent dans les flaques, les algues séchées qu’on ramène le soir gravées sur les chevilles, et puis les longues dunes alanguies, bercées au soleil de midi lorsque la lumière verticale est si totale qu’elle fait un bras de fer immobile, chauffé à blanc avec les lignes d’horizon et que le temps s’arrête...</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Un clair et frais matin d’été enfin, elle les emmena.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Ils n’avaient rien oublié : seaux, pelles, parasol, bouées, palmes, masques et tubas...Tout était prêt depuis si longtemps. Le chargement était lourd mais ils étaient tellement heureux ! Elle devant, eux derrière, ils marchèrent longtemps, vaillamment une journée entière.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Jamais ils n’auraient imaginé qu’elle fût aussi loin. Le soir tombait déjà, ils marchaient maintenant dans une étendue de sable dur et sec.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Ils marchèrent toute la nuit, derrière elle, et le matin encore sous un soleil mordant. Dans les sandales, les pieds commençaient à se fendiller, les gorges à se dessécher.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Peu à peu ils s’étaient délestés de leur chargement qui ralentissait leur cours ; et puis ils avaient vu quelques coquillages ébréchés et aussi les sillons, témoins d’un passage récent, les tendres sillons ondulants et prometteurs, alors ils avaient continué à marcher malgré la fatigue et l’angoisse qui serrait leur poitrine.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Elle toujours plus loin devant, eux derrière, ils marchaient, s’efforçant de la suivre, espérant encore, guettant dans le ciel vide le vol des mouettes ou peut-être... d’un goéland .</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Seul un vent sec et brûlant plaquait sur leur nuque la morsure d’un rire. </span><br />
<span style="font-size: large;">Ils marchaient, elle si loin devant ils marchaient encore, elle qui ne les attendait plus, elle que des nappes miroitantes noyaient davantage, comme un mirage catégoriquement stérile... </span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Ils ne savaient pas. Personne ne leur avait rien dit.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Cette garce, un beau jour sans prévenir, lasse de ne voir paraître les enfants, avait décidé, drapée dans son aridité, de se retirer.</span></div><div class="MsoNormal"><br />
</div><div class="MsoNormal"><span style="font-size: 12pt;"> </span></div>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-10386125547565678772012-06-04T10:04:00.022-07:002012-07-10T08:50:53.067-07:00gestes d'âme<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br />
</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br />
</div><span style="font-size: large;"><i> Le support pour la consigne que j'avais donnée ce jour-la était la chanson d'<b>Alain Bashung,</b> "<b>est-ce aimer ?</b>" tirée du magnifique et quelque peu confidentiel album "<b>l'imprudence</b>". </i></span></div><div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;"><br />
<span style="font-size: large;"><i> ( cliquez au bas du texte pour l'écouter )</i></span> <span style="font-size: large;"><i> </i></span><br />
<br />
<span style="font-size: large;"><i> </i><i>Nous étions en 2002 Bashung vivait.<span style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> Il s'agissait de répondre à sa question, écrire une petite bafouille sur l'amour, notre idée de l'amour ou bien du non-amour. </span></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><i><span style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Alors j'ai suivi le support et opté pour la forme chanson.</span></i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i><span style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Un hommage, une fantaisie, militaire... </span></i></span><br />
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span id="goog_1705478088"></span><span id="goog_1705478089"></span></div></div><div style="text-align: left;"><br />
<br />
<span style="font-size: large;"> Prenez un homme, <br />
déjà les barreaux résonnent !<br />
de coups de tête de coups au cœur, <br />
de coups donnés sans coup férir, <br />
d’éclats de couple en fusion <br />
qui flagornent, subornent <br />
le meilleur pour le pire. <br />
Prenez un homme <br />
et déjà c'est vous <br />
ce corps, dans la cage...<br />
<br />
<i>...Qui se pare<br />
pour un temps.<br />
Vous, compromise, ne valez rien. <br />
De votre âme, prendra-t-il soin ? </i><br />
<br />
Prenez-en une poignée, <br />
une brassée, une armée! <br />
déjà s’éloigne le danger. <br />
C’est le nombre la garde rapprochée<br />
de votre corps et âme.<br />
Il vous satellise, vous immunise<br />
il vous optimise, vous galvanise<br />
il vous organise <br />
il vous réalise.<br />
Le nombre est la devise...<br />
<br />
<i>...Qui vous répare<br />
à contretemps. <br />
Vous, précise, gouvernez bien. <br />
De votre âme, il prend grand soin.</i> <br />
<br />
Que votre corps s’adonne <br />
qu’il se donne en amazone <br />
qu’il soupire qu’il respire. <br />
Soyez souple, généreuse, <br />
soyez friande soyez soyeuse, <br />
à fleur de glaise <br />
faites peau lisse,<br />
les gestes laissez venir <br />
tout à votre aise.<br />
Ils décident, ils exercent, ils sévissent,<br />
ils sont les maîtres de cérémonie.<br />
Les gestes vous inspirent?<br />
durcissez!<br />
Les gestes vous chavirent?<br />
durcissez !<br />
ils sont l’autorité ?<br />
épousez-les !<br />
laissez les dire tout en fadaises <br />
laissez les cuire dans la fournaise...<br />
<br />
<i>...Ne sont qu'un faire-part <br />
à mi-temps. <br />
Vous, soumise n'en faites rien. <br />
De votre âme, ils prennent grand soin. </i><br />
<br />
Bras en croix, croisez le fer <br />
cuisses ouvertes, tête renversée <br />
croisez le fer sans compter,<br />
derrière la meurtrière<br />
prenez plus que vous ne perdez.<br />
Si closes restent vos frontières<br />
croisez le fer sans escompter. <br />
D'un air éhonté<br />
ordonnez vos prières, <br />
tenez la barre en toute bonté,<br />
en savoir-faire, et...<br />
<i> </i></span><br />
<span style="font-size: large;"><i>larguez les amarres</i><br />
<i>juste à temps.<br />
Vous, exquise, ne craignez rien. <br />
De votre âme il prend grand soin. </i><br />
<br />
Sur le dos laissez vous faire,<br />
à l'assaut laissez le fer<br />
se pâmer haut, chanter haut <br />
qu'aujourd'hui c'est déjà hier. <br />
Sous la garde close de vos paupières<br />
bardez le fer,<br />
guerrière altière en guépière, <br />
restez entière sous vos paupières...<br />
<br />
<i>...Un peu de fard sur les remparts <br />
de temps en temps.<br />
Vous, lascive ne gardez rien <br />
De votre âme, elles prennent grand soin </i><br />
<br />
Mais le regard grand Dieu <br />
jamais ne croisez le regard !<br />
jamais n'abaissez la garde<br />
sous le regard qui vous fronce ! <br />
C’est un barreau qui s'annonce, <br />
c'est un fer qui vous égare,<br />
c'est un pieu qui s'enfonce<br />
dans votre âme de part en part.<br />
Du licol il raffole,<br />
il s'en empare,<br />
sur votre col, sans égard,<br />
incruste le joug de glaise.<br />
A genoux il vous pèse... <br />
<br />
<i>...Une cage se prépare <br />
pour longtemps. <br />
Et vous, conquise ne dîtes rien. <br />
De votre âme, prendra-t-il soin? </i> <br />
Un seul instant suffit, <br />
l’instant où votre corps résonne, <br />
où votre chair fusionne, <br />
un seul instant, un seul regard... <br />
et les gestes ont un visage.<br />
Dans votre glaise, il se grave<br />
du coeur de glaise il se gave,<br />
Barbare, il s'accapare l'escarre <br />
que son glaive incise, <br />
l'aiguillonne, y instille l'emprise,<br />
curare de braise dans la glaise,<br />
et l'emprise dans la fournaise <br />
vous fossilise.<br />
Vous avez pris un homme<br />
il résonne, vous déraisonne<br />
déjà il vous façonne.<br />
Et c’est vous encore <br />
ce corps, dans la cage... <br />
<br />
<i>...Encore un départ <br />
ce qui reste de temps. <br />
Et vous, éprise n'y pouvez rien<br />
Et vous éprise n'y pouvez rien... <br />
De votre âme, prendra-t-il soin ? </i><br />
</span></div><div style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen='allowfullscreen' webkitallowfullscreen='webkitallowfullscreen' mozallowfullscreen='mozallowfullscreen' width='320' height='266' src='https://www.youtube.com/embed/sG810Uq1WBM?feature=player_embedded' frameborder='0'></iframe></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div><div class="separator" style="clear: both;"></div></div><div style="text-align: left;"></div>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-41854090276104297262012-06-02T23:15:00.000-07:002012-07-10T08:57:20.339-07:00Mon problème avec l'Espagne<div style="color: #b45f06; text-align: center;"><i><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Une thématique inépuisable que celle de la mère... </span></span></i></div><div style="color: #b45f06; text-align: center;"><br />
</div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Il y a des gens qui sont nés quelque part…</span></span> <br />
<div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Quand on les déracine, ils ne meurent pas, ils poussent ailleurs, sur un nouveau terreau. Pourtant il arrive qu’ils souffrent, longtemps, comme un amputé se souvient des sensations que lui renvoyait son pied. Les plantes elles, on ne sait pas : soit elles meurent de suite, soit elles s’adaptent en silence, sans rien perdre de leur beauté originale ni de leur vigueur. En tout cas si plainte il y a, elles n’en disent rien.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Il y a des gens qui ne veulent pas chasser le souvenir du quelque part. Il coule dans leurs veines, une substance plus chaude, plus vive, qui parfois les fait larmoyer mais surtout les agite. Alors, peu à peu la sève nostalgique se coagule, elle se cristallise en roc identitaire, sur lequel ils se hissent, pour se camper bien droits, bien fiers, pour voir bien loin, pour se faire reconnaître, pour rassembler les autres, afin d’avoir plus chaud ou gagner plus de lumière peut-être…</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Un peu plus haut, Dieu, continue paraît-il à reconnaître les siens.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Ma mère à moi est une réfugiée, une expatriée, une déracinée direz-vous ? Elle non ! Elle a craché sur ce vocabulaire. Très vite elle s’est faite naturaliser. De quelle nature est-elle maintenant ?</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
<span style="font-size: large;">Serait-ce parce que c’est une guerre civile qui l’a poussée ici que très vite elle décida de ne pas en faire toute une histoire ? Elle s’est toujours tenue à l’écart de ses compatriotes, « des vrais cons ces patriotes ! » disait elle. Ceux qui, quelques années plus tard, installèrent à chaque mois d’aout de nouveaux camps de réfugiés sur les plages touristiques de la Costa Brava, troquant ainsi leurs modestes congés payés contre quelques gouttes de lait maternisé…</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;"> …Pathétique retour au bercail de ces bâtards sans mandoline pendus aux basques d’une mère patrie qui n’était même pas Basque et les avait répudiés !</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Une terre qui ne peut ou ne veut garder tous ses rejetons n’est plus une terre mère pensait-elle. Moi, j’ai toujours eu tendance à penser comme ma mère. Les mauvaises langues diront que c’est parce qu’elle m’a nourrie. D’autres diront qu’elle n’avait qu’une conception bassement horticole de la patrie. En tout cas elle m’a conçue sur le terreau français avec un immigré italien et tout le monde s’accorde à dire que je suis une belle plante.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Alors à ses détracteurs je dirais que tous, poètes illustres, sociologues, historiens, militaires, politiciens de bas étages de l’identité nationale… tous avez arrosé, taillé la pensée humaine dans ce symbole potager !</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Certes les terres natales ne sont pas réductibles à leurs gouvernements de passage, l’identité culturelle se situe ailleurs, en effet, de culture moi je n’en vois qu’une : « la tierra es de de quien la trabaja » La terre est à ceux qui la travaillent ! Refrain de 36, refrain de lutte et d’espoir, pauvre petit refrain oublié qui jamais, ni en Espagne ni nulle part dans le monde, ne réussira à prendre racine. </span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Certes les hommes ne sont pas des plantes, ils le devraient. </span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Ma mère non plus n’est pas une plante, même si j’aurais tendance à la classer dans la famille des cactacées : survivre, avec le moins d’apport nutritif extérieur pour tenter de n’être que soi-même. </span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Si pour m’être un peu frottée à elle et ne m’être que beaucoup piquée, j’avoue cependant que j’adhère à sa philosophie… avec juste je l’espère, les épines en moins pour ceux qui m’entourent. La tendresse bordel, la tendresse !</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Elle avait choisi de ne plus planter un pied là-bas, elle a choisi de faire pourrir ses racines, comme si cette gangrène pouvait gagner Franco, sa clique et ses claques…</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Qui entre elle et eux avait l’orgueil plus mal placé ? L’orgueil est espagnol et j’imagine qu’il s’agit du même qui dans la chanson de ma mère, a aussi poussé sa corne </span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">« Viva Espagna !viva la muerte ! »</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Elle l’a chantée avec une telle véhémence venimeuse qu’elle a, je crois, un peu greffé ce rejet sur sa descendance.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">En effet moi non plus je n’aime pas trop l’Espagne, même si bien des signes révélateurs m’ont souvent signifié que je la portais en moi… A commencer par le prénom espagnol que j’ai donné à mon fils à qui pourtant je ne veux que du bien.</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">« Viva Espagna ! viva la muerte ! »</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Je crois aussi que je n’aime pas trop ma mère. Aujourd’hui, des médiateurs avisés diront que je l’ai aimée un peu trop ; vu l’air du temps, ça rassure toujours !</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">Pourtant bien des signes funestes, un poids sur l’estomac, des pieds qui me tiennent difficilement au sol, un grattement dans la gorge, me condamnent à la porter jusqu’à la fin…</span></div><div class="MsoNormal" style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: justify;"><span style="font-size: large;">…Comme une racine, avalée de travers…</span></div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br />
</div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </div><div class="MsoNormal" style="text-align: justify;"> </div>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-32314418787161904222012-06-02T23:00:00.002-07:002013-02-16T15:46:03.495-08:00La voyeuse<div style="color: #b45f06; font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;">
<i><span style="font-size: large;"><span style="font-size: large;"><span style="font-size: large;">S</span>ur la même co<span style="font-size: large;">nsigne de No<span style="font-size: large;">ë</span>lle <span style="font-size: large;">R</span>evaz de la phrase unique, </span></span><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;">le </span>texte ci-dessous a été écrit avec l'arrière pensée que ce texte serait lu, puisqu'il était prévu une lecture de notre travail. </span></span></i><br />
<br />
<i><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je me suis alors attachée à rendre des rythmes, accélération-deccélération, et des sonorités pour scander ce texte, un perspective de mise en voix au delà de la simple écriture... En effet le jeu théâtral donne plus de relief à ce pur exercice de style...</span></span></i></div>
<br />
<br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Ca y'est, ça commence dès qu'il est attrapé et qu'aussitôt des jets stridents, aigus, grailleux explosent dans la gorge du volatile, poussent dans le goulet trop étroit pour laisser s'échapper la terreur, la résistance imbécile, dilatent le gosier, tétanisent la glotte, obstruent le gésier, raclent, claquent, braillent dans le goulet trop étroit que mémé va calmer avec son drôle ciseau qu'elle vient de sortir de la poche de son tablier et qu'elle fait glisser du fourreau pour lui faire cette drôle de chose qu'elle va vraiment lui faire, que je vais regarder même si je n'aime pas regarder mais, que je ne peux m'empêcher de regarder parce que ça me fait tout drôle de sentir l'air secoué sous les ailes qui battent, qui balancent de grands coups de fouet tellement violents que ça fait crever des poches d'air qui se dégonflent, qui soufflent jusque dans ma figure comme l'air des ballons de baudruche du marchand de chaussure, sauf que l'odeur elle est crachée toute tiède, et que c'est comme si elle expulsait des drôles de choses mouillées, des choses cachées sous les grandes plumes du dessus, celles qui sont graisseuses, celles qui ne laissent jamais passer le vent à l'intérieur, là où ça macère, là où ça renferme toutes ces choses qui grouillent, qui suintent le moite, le gras de la peau transpirant la peur sous le duvet épais, le duvet tout chaud, si doux, jaune, moelleux comme de la purée mousseline, le duvet qui lui est resté de quand il était poussin sous la lampe de la couveuse, blotti contre les autres poussins, jaunes, que parfois j'attrapais quand mémé avait le dos tourné pour les tenir blottis dans le creux de mes mains, les approcher de ma figure pour respirer ce chaud sucré qu'ils ont toujours les tout petits, qui sent si bon la vanille douceâtre, et qui leur reste après, et qui pourrit sous les plumes grasses qui couvent la mort, et qu'ils chassent à grands coups d'ailes quand mémé approche avec son drôle de ciseau qu'elle va enfoncer dans leur bec pour leur couper quelque chose qu'ils ont au fond de la gorge pour qu'enfin le silence blanc s'installe, tranquillement, le silence blanc qui coule en rouge dans la bassine, à coté de l'autre bassine, celle qui fume, qui attend juste après, quand mémé ébouillantera les plumes pour dilater les cratères des plus grosses, surtout celles des ailes qui sont les plus dures à arracher elle m'a expliqué mémé, les ailes qui se froissent, se convulsent, se débattent, battent battent la cadence du grand silence blanc, les ailes qui disent non, puis qui disent oui, tout doucement se balancent, dansent, se soulèvent encore pour que le chaud du corps qui reste encore s'évapore, juste pour ça, des soubresauts plus lents, gracieux, qui s'abandonnent dans un mouvement qui s'apaise, joli, si joli le mouvement parce que sans les cris c'est plus joli et que c'est sûr qu'il n'a pas mal puisqu'on n'entend plus rien, rien que le silence rouge qui coule, la confiance qui s'installe jusque dans les pattes qui ne disent plus non dans le creux ferme et rugueux des mains calleuses de mémé, les pattes qui disent oui, qui se détendent, s'étirent, s'allongent, se raidissent, s'immobilisent, jusqu'à ce que le silence ne coule plus du tout et que je me retourne, parce que c'est terminé.</span></span></div>
béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-64874171237374168092012-05-30T07:10:00.005-07:002012-06-10T12:41:13.978-07:00Questions à thème ou Thèmes à questions<div style="text-align: center;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><i><span style="color: #b45f06;">Encore un texte sur la base des listes. </span></i><br style="color: #b45f06;" /><i><span style="color: #b45f06;">Se poser des questions est-il une marque d'angoisse? La question ne porte-elle pas en elle la réponse ? J'ai voulu ici jouer sur le thème de l'angoisse, la logique absurde des mots et des expressions autour d'une variation sur les thèmes. </span></i><br style="color: #b45f06;" /><i><span style="color: #b45f06;">Le piège dans ce genre d'exercice étant de succomber à la facilité, je n'y ai pas échappé ; mais la limite entre la facilité et le ludique est toujours un peu mince. Doit-on pour autant s'en priver ? Encore une question !</span></i></span></div><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br />
<span style="font-size: x-large;"><b> Questions sur le bonheur</b></span><br />
<br />
1. Si le bonheur se lit sur mon visage, les autres ne vont-ils pas s'en emparer et en profiter?<br />
<br />
4. Quelles traces laisse le bonheur lorsqu'il s'en va?<br />
<br />
5. On dit que le bonheur peut être consommé sans modération; comment être certain que l'effet secondaire ne soit pas un risque d'accoutumance ? Dans ce cas, vers quel spécialiste dois-je me diriger pour m'aider à ralentir la posologie ?<br />
<br />
6. Après une nuit entière de bonheur, suis-je tenue de changer mes draps? <br />
<br />
7. A qui dois-je m'adresser pour me faire délivrer un certificat d'aptitude au bonheur? <br />
<br />
8. Le bonheur se marie-t-il bien avec la solitude ou est-il plutôt soluble dans le nombre? <br />
<br />
9. Quels sont les pays les plus riches en bonheur? Y compte-t-on beaucoup de clandestins? <br />
<br />
10. En ces temps de crise, ne serait-il pas raisonnable de créer un impôt sur le bonheur? Et ne faudrait-il pas considérer le Prozac comme une niche fiscale? <br />
<br />
11. Si j'opte pour un bonheur relatif puis-je espérer une meilleure garantie de durée qu'avec un bonheur absolu ou bien ne s'agit-il que du même après usage? <br />
<br />
12. A quel temps le bonheur se conjugue-t-il le plus aisément et avec quelles personnes fait-on le moins de fautes d'accord dans les temps composés?<br />
<br />
13. Pourquoi dans la vie conjugale le mode le plus descriptif pour conjuguer le bonheur est-il inexorablement le conditionnel ?<br />
<br />
14. Lorsque le bonheur s'installera, devrai-je prendre un appartement plus grand pour éviter la promiscuité? <br />
<br />
15. Dans les émissions télévisées, l'invité propose souvent aux téléspectateurs un moment de bonheur à partager, comment se fait-il qu'il y en ait encore pour tout le monde lorsque l'audimat grimpe? <br />
<br />
16. Est-ce que le bonheur accélère le rythme cardiaque? Empêche-t-il de dormir? fait-il grossir? creuse-t-il les pattes d'oie? <br />
<br />
17. J' entends de plus en plus souvent à la télévision: " ce n'est que du bonheur! " Puis-je m'associer à cette frustration ambiante et renchérir "ma foi oui, c'est bien à peu près tout!"<br />
<br />
18 . Il parait que même le bonheur a un prix. Est-il plus intense si l'on paye cash? <br />
<br />
<span style="font-size: x-large;"><b> Questions brûlantes d'actualité. </b></span><br />
<br />
<br />
1.<u> Santé. </u><br />
Faut-il aérer les maisons closes régulièrement tous les dix ans? <br />
<br />
2. <u>Consommation.</u> <br />
Faut-il privilégier les barquettes individuelles pour congeler les bébés? <br />
<br />
3. <u>Dopage. </u><br />
Les bleus n'enflamment plus les français. A-t-on détecté la présence d'arnica dans les urines des supporters? <br />
<br />
4. <u>Ecologie</u>. <br />
Le nombre des sans-papiers augmente chaque année. Pour venir à bout de cette pénurie a-t-on pensé aux papiers recyclés ou doit-on encore intensifier la déforestation ? <br />
<br />
<br />
<span style="font-size: x-large;"><b>Questions sur le temps. </b></span><br />
<br />
1. Quelle est l'heure la plus lourde pour rester solidement arrimé à mes angoisses? <br />
<br />
2. Quel jour de la semaine peut se vanter d'être le plus original? <br />
<br />
3. Comment lutter contre le statut précaire des saisons? <br />
<br />
4.Quelle est l'heure la plus creuse pour filer à l'anglaise? <br />
<br />
5. Dois-je m'alarmer d'être tous les jours encore en pyjama à six heures du soir ou simplement me réjouir de gagner un temps précieux sur la lessive et le repassage? <br />
<br />
6. Quelle est l'heure la plus liquide pour se la couler douce? <br />
<br />
7. Les saisons deviennent de plus en plus uniformes. N'est-ce pas encore une conséquence de la mondialisation? <br />
<br />
8. Quel tohu bohu hormonal nous donne davantage conscience de l'inconstance de notre corps? la puberté ou la ménopause? <br />
<br />
9. Sur l'échelle d'une vie, lorsque le temps perdu s'égalise avec le temps gagné combien nous reste t-il de vrai temps à passer? <br />
<br />
10. Est-ce que les heures de pointes allègent efficacement notre sentiment de solitude? <br />
<br />
11. Lorsqu'un beau jeune homme s'avance vers moi en souriant, dois-je considérer que mon horloge biologique n'indique pas l'heure exacte? ou craindre raisonnablement qu'il va tout bêtement me demander l'heure ? <br />
<br />
<br />
<b><span style="font-size: x-large;">Questions sur la famille.</span> </b><br />
<br />
<br />
1. Si les enfants sont le ciment du foyer, le divorce n'est-il pas le meilleur geste de gratitude puisqu'il leur offre le luxe d'une résidence secondaire? <br />
<br />
2. Que dois-je reprocher davantage à ma mère qui, lorsque je lui confie désemparée que je n'en peux plus, me répond tout aussi désemparée "ma pauvre petite fille, si j'avais su je me serais faite avorter" : son empathie présente un peu forcée ? ou bien son manque d'initiative dans sa jeunesse ? <br />
<br />
3. Peut on espérer consoler son enfant qui se plaint que son frère prend plus de place que lui en lui révélant qu'en réalité il n'est que son demi frère? <br />
<br />
4 . Lorsque en me coiffant le matin je surprends sur mon visage dans le miroir des expressions de ma mère, est ce le signe que je dois changer de coiffure? <br />
<br />
5. Aux repas de noël d'où vient cette odeur douceâtre et écoeurante qui flotte autour de la table? de la dinde? du sapin? de l'eau de cologne de mémé? du cigare de pépé? de la couche pleine du petit neveu? ou simplement de l'ADN en rut qui poisse, avec les restes de bûche fondue, le fond de mon assiette ? <br />
<br />
6. Mon bébé est athée, par conséquent il ne croit pas à une vie meilleure après l'accouchement. Dois-je lui infliger un démenti ou est-il plus respectueux d'aller dans le sens de ses convictions ? <br />
<br />
<br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /> <span style="font-size: x-large;"><b style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Questions sur le voyage</b></span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> </span></span><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; font-size: large;"><br />
1. Que dois-je mettre dans ma valise pour me sentir là-bas comme chez moi ? <br />
<br />
2. est ce que prendre une assurance rapatriement ne va pas vexer les autorités des départements d'outremer?<br />
<br />
4. Laisser ma maison propre et mes papiers bien rangés avant mon départ est-il une simple marque de respect pour la famille ou va-t-elle y voir un signe prémonitoire, ou pire encore, croire que je l'ai fait exprès ? <br />
<br />
5. Dois-je me faire vacciner contre le mal du pays? <br />
<br />
6. En cas de décès, l'assurance annulation laisse-t-elle un petit espoir? <br />
<br />
<br />
<span style="font-size: x-large;"><b>Questions sur l'amitié</b></span> <br />
<br />
<br />
1. Quel est mon meilleur ami? celui avec lequel je ne m'ennuie jamais parce qu'il me parle toujours de choses nouvelles ? Ou bien celui à qui je parle toujours des mêmes choses sans l'ennuyer ? <br />
<br />
2. Puis-je raisonnablement exposer mon meilleur ami aux affres du remord éternel lorsqu'il me félicite avec une grande tape dans le dos pour ma bonne mine alors que je serre en tremblant la crosse du révolver dans ma poche gauche, et la lettre d'adieu qui lui est adressée dans ma poche droite ? <br />
<br />
3. Téléphoner à son ami au pic critique des cinq heures du matin pour lui demander le résultat de ses analyses, n'est elle pas une manière à la fois délicate et rassurante de lui montrer que nous sommes proche de lui ? <br />
<br />
4. Vous craignez de ne pas passer la nuit : quel ami appelez-vous à votre chevet ? Celui dont vous êtes certain qu'il accourra sans tarder? ou celui qui se rendormira sereinement après avoir raccroché parce que somme toute c'est celui qui vous connait le mieux ?</span>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-42290975416443393012012-05-27T14:28:00.006-07:002012-06-10T15:08:19.995-07:00Le Chasseur Français, jamais bredouille.<div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #660000;"><i><span style="color: #b45f06;">Toujours pour notre lecture-spectacle <b>Manufrance</b>, j'avais à partir d'un exemplaire du <b>Chasseur Français de 1926, </b>accouplé des petites annonces de mariage avec des offres de chien de chasse et de poules. J'ai quelque peu remanié et mixé les annonces mais elles ne contiennent que des expressions authentiques, sans aucun apport personnel.</span></i></span></span></div><div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;"><br />
</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="http://3.bp.blogspot.com/--iM4dZzNNXU/T9UVAiuJEZI/AAAAAAAAA88/1nEhamSTVtk/s1600/Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2011-04-21+a%CC%80+13.34.03.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="http://3.bp.blogspot.com/--iM4dZzNNXU/T9UVAiuJEZI/AAAAAAAAA88/1nEhamSTVtk/s320/Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2011-04-21+a%CC%80+13.34.03.png" width="319" /></a></div><div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif; text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #660000;"><i><span style="color: #b45f06;"> </span></i> </span></span></div><div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><br />
</div><div style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><b><span style="color: #660000; font-size: x-large;"> N'hésitez plus à passer une petite annonce, Le Chasseur Français trouvera pour vous au delà de toutes vos espérances !</span></b><span style="font-size: x-large;"><br style="color: #cc0000;" /></span><br />
Demoiselle affligée, 24 ans, enfant six ans, mobilier, épouserait malheureux comme elle même à la campagne.</span></div><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> </span><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Cause maladie vend corniaud sept ans pour lièvres et lapins</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Lieutenant colonial, retraitable octobre 1930 cherche jeune fille même sans dote ni instruction, mais santé solide et caractère docile, pour retour métropole dans le marais poitevin</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Départ colonie, cède regret mignonne corniaude blanche, obéissante, extra bécasse, maladies faites, rapport bois/marais garanti.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> </span></span><br />
<span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Demoiselle 46 ans, honorable, bon avoir, désire mariage veuf même avec enfants, mais pas en bas âge et de confession chrétienne. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Cède cause surnombre chiots saint-hubert et chiottes saintongeoises , extra meute, sevrage fin mars.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> Veuf sans enfants, 45 ans portant plus jeune, ardent, cherche pour mariage, jeune femme santé solide, basse courière, toute régions, pour fonder famille et agrandir petit élevage avicole </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Bresses noires et gatinaises séléctionnées, pondeuses incomparables, livrées avec oeufs à couver bien fécondés et un flacon de l'occlusif, pour éviter la mortalité des poussins en coquilles, rendement maximum. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Cynophile cherche en vue mariage dame, sans dote mais bonne présentation et vaillante, pour tenir commerce canin de très grande surface</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Belle griffone, bien coiffée, belle voix, manteau noir, très bonne courante.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Médaillé militaire, petite taille, gravement mutilé, correspondrait dame vue mariage physique indifférent, mais famille très honorable exigée. </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> </span><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Chienne basset coupée, jambe droite, courte queue naturelle, grand nez, père et mère pédigré, tous les deux primés.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Deux amis 22 24 ans, sans avoir, discrétion, accepteraient rendez vous avec deux jeunes filles gentilles, de préférence deux amies, fortunées </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="color: #990000; font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Couple de chiennes extra mordantes, meneuses, excellentes sur vermine et dressés sur toutes bêtes puantes</span><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">.</span></span>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-41862503334276970922012-05-26T01:43:00.003-07:002012-07-02T04:00:50.029-07:00Sexe, désert et animaux.<div style="text-align: center;"> <span style="color: #b45f06;"> </span><i style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #b45f06;"> Ce texte est très ancien, je me souviens que lors de cette séance, la thématique était le rapport aux bêtes, la description d'une posture animale. </span></span></i></div><div style="text-align: center;"><i style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><span style="font-size: large;"><span style="color: #b45f06;">Ne pouvait alors que réapparaître cette rencontre nord-africaine qui allait changer le cours de ma vie et l'orienter en direction de l'Italie. Il n'est pas difficile de comprendre que j'aie quelque peu érotisé la posture de cette singulière race animale généralement peu attachante. </span> </span></i></div><br />
<br />
<br />
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<div style="text-align: justify;"><br />
</div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Tunisie. Aux confins du sud : Nefta, entre le Chott-El djerid et la Corbeille, c’est comme ça qu’ils appelaient la palmeraie je crois. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je voulais descendre encore plus bas, j’avais vingt ans et j’étais à pied, au pied du désert. Il m’a donné « un passaggio » dans sa jeep, « prego signorina ! » en fait une Waz un peu datée, matériel russe, il était un des fils de l’Italie de Berlinguer. Nous chantions « bella ciao » sur la tôle ondulée des pistes poussiéreuses.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Je l’ai suivi toute une semaine. Devant nous, les bédoins, qui nous guidaient là où abondaient les vipères à cornes . Comme mon esprit commençait à être absorbé ailleurs, c’est sans état d’âme que j’observais leur capture : le geste rapide pour immobiliser la tête à l’aide d’un bâton fourchu et puis un second bâton glissé sous leur ventre : elles sifflaient, gonflaient, crachaient pour se donner des airs. En réalité, toutes affairées à leur tangage sur cet instrument ridicule, elles ne tentaient que de ne pas perdre la face. Puis on les faisait disparaître dans le sac de toile et voilà…c’était comme s’il n’y avait plus de bête. Quelques instant plus tard une autre la rejoignait, venant partager son désarroi silencieux.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Le soir dans le Marhala, nous faisions l’amour et… j’apprenais l’italien. A terre, les sac de toile blanche amoncelés. Blessées dans la capture parfois indélicate, quelques malheureuses n’avaient pas survécu. C’est donc dans une odeur pestilentielle de charogne en décomposition - que quelques rasades d’eau de cologne à deux Dinars ne parvenait à dissiper, et par 40 degrés à l’ombre amalgamant le tout - que je suis tombée raide dingue amoureuse.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">A la fin de la semaine, on a chargé les sacs dans des caisses, les caisses dans la Waz, la waz dans le bateau, et moi sur le pont… un petit nuage dans la tête en forme de botte, avec au centre : la toscane.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Là-bas plus tard, j’appris à manipuler d’autres espèces non venimeuses importées d’ailleurs, échangées contre une partie du stock de vipères : boas, pythons, anacondas… Le plaisir de leurs corps lisses, tièdes, propres sans odeur, leur langue frémissante me chatouillant derrière l’oreille, tandis que je tenais sagement à distance autres mambas et cobras de mes attouchements.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> Viarreggio : Festa dell’unità, bella ciao, toujours, dans les haut parleurs.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Le soir, dans le grand gymnase faisant office de salle d’exposition, une fois le public évaporé, le silence s’installait parmi les cages illuminées: les serpents ne bougent presque jamais. Nous ammassions quelques tapis de sols au centre pour la nuit et leur offrions à notre tour notre petit spectacle gymnique nocturne. Spectateurs discrets et quelque peu désabusés derrière leur loge vitrée.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Seul le python émeraude, la tête posée au centre de ses circonvolutions, semblait nous fixer avec attention. C’est d’ailleurs le seul auquel je me suis un peu attachée, non pas pour son statut de voyeur, mais parce qu’il était franchement bêta : il s’obstinait à s’enrouler autour de l’ampoule qui lui dispensait la chaleur tant appréciée ; régulièrement celle ci se dévissait, il recevait alors une décharge électrique et tombait légèrement assommé. Le bruit de sa chute sur le sol de bois de la cage me réveillait parfois en pleine nuit. Nous n’y prenions plus garde et nous revissions l’ampoule au matin. Aucun serpent ne parvient à susciter véritablement d’affect .</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">En revanche une chose m’animait par-dessus tout : l’acte nourricier. </span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Il me plaisait de croire que ce n’était qu’à cause de la sensualité morbide contenue dans ces orgies muettes que la société protectrice des animaux nous interdisait de donner à voir ce spectacle au public. Prise d’excitation, fascinée, je n’en manquais pas un, pour aucun d’entre eux.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">La souris, une fois jetée dans la cage, se blottissait dans un coin, frémissante, immobile, consciente et presque consentante de ce qui allait suivre : l’étreinte autoritaire qui allait faire cesser ses tremblements. Elle en sentait déjà les préliminaires dans le jeu de langue fourchue qui s’approchait inexorablement.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Tout à coup une secousse, un éclair, un déploiement instantané, dont on n’avait rien eu le temps de comprendre, et déjà elle était prise, emmaillotée aussi fougueusement que tendrement dans l’étau sinusoïdal. Seule dépassait sa tête, au centre, bouche bée. Si l’on pouvait facilement comprendre que c’était la pression qui la suffoquait, la tendre petite bête baillait de manière si lascive que j’y lisais un baiser ouvert et offert, un soulagement, un abandon, un remerciement silencieux, pour avoir mis fin à cette attente angoissante.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Lui, la maintenait ainsi un long moment, fermement enveloppée comme pour la protéger. Lentement il desserrait son emprise puis, lui rendant son modeste baiser, il commençait à l’engloutir de sa large mâchoire désarticulée. Tandis que des spasmes lents le parcouraient, elle, se laissait docilement rentrer dans ce gouffre rose et moelleux. Le renflement de son corps qu’on devinait parfaitement le long du cylindre, ondulait, descendait, au rythme des régulières cambrures, descendait encore, épousait un ultime mouvement de tendresse jusqu’à ce qu’enfin le long membre repu se détende, puis royalement s’immobilise et s’endorme à l’ombre d’un branchage sec, sous le soleil de l’ampoule à 25 watts.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Suivait alors un long post-coïtum de trois ou quatre semaines, voire plus… Il faut dire que les serpents n’ont pas une libido acharnée.</span></span></div><div style="text-align: justify;"><br />
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béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6725295400071308162.post-6914113693134984812012-04-13T14:12:00.015-07:002012-07-13T14:40:32.355-07:00Bonne année !<div style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><i style="color: #b45f06;">Une consigne que nous ne sommes jamais donnés est celle de la carte de voeux. Pour ma part chaque année j'en confectionne une avec l'image du jour... Alors pour clore ce petit échantillonnage, j'inscris ici ma carte de 2012. </i></span></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"><i style="color: #b45f06;">Cette année c'était un chaton qui était à mes côtés, il a chanté avec moi cette chanson pour les copains... </i></span></span></div><div style="text-align: center;"><br />
</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTkwm-czwWVt2e7zLtiVDES6sQxpFPRIbgTGoJcOc6HMzmosoCGH6hagZ3iKCzLOSZAdYOEEZEFtUxGdgugR6RSJCivRDuJ6pspIUgfU2unEGJQme_5TVhq14osLF3GOgP5fI3M6gaTfZT/s1600/Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2012-01-12+a%CC%80+00.30.39.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="424" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTkwm-czwWVt2e7zLtiVDES6sQxpFPRIbgTGoJcOc6HMzmosoCGH6hagZ3iKCzLOSZAdYOEEZEFtUxGdgugR6RSJCivRDuJ6pspIUgfU2unEGJQme_5TVhq14osLF3GOgP5fI3M6gaTfZT/s640/Capture+d%E2%80%99e%CC%81cran+2012-01-12+a%CC%80+00.30.39.png" width="640" /></a></div><div style="text-align: center;"><br />
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</div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: large;"><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Chaque année ça s'en va et ça revient, </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">entonnons le gai, le bégaie refrain !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">bon cha bada tsoin tsoin les copains !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les années ripent, les années riment, les anecdotes vieillottes...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Oublions la précédente croyons plus à la suivante!</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">changer de calendrier c'est changer d'encrier ? </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">année 2012, qui va écrire les plus belles news ?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">année 2012, qui va chanter les deux mille blues ?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">qui va encore toucher du flouze ? qui va encore touiller la bouse ?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les années ripent, les année riment, les anémones monotones...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les anévrismes du mondialisme, les anémies du protectionnisme,</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">raouss les années frousse ! les années moroses, hissons l'année rose</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">...payons nous une bonne tranche, de sos, </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">hissons à la sauce hollandaise, sos fadaise</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">le plus suranné des succès d'année !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> années clowneries, damné jacquadit, années curies, accomodons le sarkosisme</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">l'année bénie, l'année oui-oui, l'anesthésie, une perfusion de socialisme</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">berçons les années douze, dodo l'enfant douze, les années douces</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">tous ensemble tous ensemble ! tous !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les années hantées, les années en toc, les années en or, les années en tort </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les anéantis... chutent. chuut...! se glissent sous le tapis</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les années ripent, les années riment, croyons-y mes amis ! toutes les ânnées rient ...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Haro sur 2012 et ses deux mille partouzes</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">vautrons-nous sur sa pelouse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">dessus soyons fous, dessous serrons nous </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">tous ensemble tous ensemble ! tous !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">avec une bonne trique, pour un bon trip </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">goûtons l'extase des deux mille piqouzes... de rappel</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">que personne ne manque à l'appel !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les annuités s'amoncellent </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les années mortes se ramassent à la pelle</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les années vibrent, les années vrillent, les années quilles s'écroulent, béquilles refoulent... </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">L'année glousse, se trémousse, l'année trousse ou l'année détrousse ?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">en fait, deux mille pousse.</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">franchement il pousse un peu hein ?!</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">le bouchon un peu loin</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> on démousse, on tousse, on dit pouce !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">allez ! encore un peu plus ! qui peut le plus peut le moins</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">qui peut le onze peut le douze</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les années ripent, les années riment, les années rempilent, horripilent, désopilent,</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les années pile, les années face, les années farce, les années garces, les années s'enchâssent....</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Chaque année ça s'en va et ça revient, </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">doit-on forcément chanter le même refrain ?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">allez tiens....</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">et si je foutais le blues à tous mes copains !?</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">L'année voeux, l'année veut l'année bien mieux</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">encore vachement mieux, meuuh !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">miaou ! renchérit le minou </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">et puis l'année rebrousse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">secousse phobique, automatique</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">réplique tellurique</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">la juste avant, la presque après </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">la vraie, celle qui nous attendait</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">la vraie plaie :</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> l' année vorace, rapace, salace, l'année disgrâce, l'année post-face </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">qui trousse une promesse dans les fèces d'un pince-fesse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">pantalonnade en parade</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> sous la rafale</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> des douze coups de blues !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> l'année scandale, l'année mandale</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">l'année maousse, celle qui éclabousse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> Bon cha bada boum !!!! </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">à toutes et à tous !!</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">on s'affaisse, on encaisse puis on se redresse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">on dépèce, on rend la monnaie de la pièce, la fin sera vengeresse !!...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> ...et puis non, on délaisse, </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">l'année déleste et fait des largesses</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">que vaut une drôlesse, que vaut une bassesse de tiroir-caisse ? </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">face à la tendresse !</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">les années déplacent, effacent, remplacent, retracent, les années enlacent en première classe</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> l'année se fait princesse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">bon cha bada caresse</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;"> mille caresses, deux mille !! les plus douzes et les plus douces</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">à toutes et à tous </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les années riment, les années ripent, les années chantent, déchantent et ré-enchantent...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">bon chabada blues 2012</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">le coeur y est et mon minou aussi...</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Les années riment, les années s'arriment, les années chantent, déchantent et ré-enchantent</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">et ré-enchantent, et ré-enchantent, et ré-enchantent, et re-enchantent... .... ... </span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><span style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;">Béa</span><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /><br style="font-family: Times,"Times New Roman",serif;" /></span></div>béatricehttp://www.blogger.com/profile/13436487049044281535noreply@blogger.com