gestes d'âme



 Le support pour la consigne que j'avais donnée ce jour-la était la chanson d'Alain Bashung,  "est-ce aimer ?" tirée du magnifique et quelque peu confidentiel album "l'imprudence".

 ( cliquez au bas du texte pour l'écouter )  

 Nous étions en 2002 Bashung vivait. Il s'agissait de répondre à sa question, écrire une petite bafouille sur l'amour, notre idée de l'amour ou bien du non-amour.  
Alors j'ai suivi le support et opté pour la forme chanson.
Un hommage, une fantaisie, militaire...


 Prenez un homme,
déjà les barreaux résonnent !
de coups de tête de coups au cœur,
de coups donnés sans coup férir,
d’éclats de couple en fusion
qui flagornent, subornent
le meilleur pour le pire.
Prenez un homme
et déjà c'est vous
ce corps, dans la cage...

...Qui se pare
pour un temps.
Vous, compromise, ne valez rien.
                   De votre âme, prendra-t-il soin ?


Prenez-en une poignée,
une brassée, une armée!
déjà s’éloigne le danger.
C’est le nombre la garde rapprochée
de votre corps et âme.
Il vous satellise, vous immunise
il vous optimise, vous galvanise
il vous organise
il vous réalise.
Le nombre est la devise...

...Qui vous répare
à contretemps.
Vous, précise, gouvernez bien.
                   De votre âme, il prend grand soin.


Que votre corps s’adonne
qu’il se donne en amazone
qu’il soupire qu’il respire.
Soyez souple, généreuse,
soyez friande soyez soyeuse,
à fleur de glaise
faites peau lisse,
les gestes laissez venir
tout à votre aise.
Ils décident, ils exercent, ils sévissent,
ils sont les maîtres de cérémonie.
Les gestes vous inspirent?
durcissez!
Les gestes vous chavirent?
durcissez !
ils sont l’autorité ?
épousez-les !
laissez les dire tout en fadaises
laissez les cuire dans la fournaise...

...Ne sont qu'un faire-part
à mi-temps.
Vous, soumise n'en faites rien.    
                   De votre âme, ils prennent grand soin.


Bras en croix, croisez le fer
cuisses ouvertes, tête renversée
croisez le fer sans compter,
derrière la meurtrière
prenez plus que vous ne perdez.
Si closes restent vos frontières
croisez le fer sans escompter.
D'un air éhonté
ordonnez vos prières,
tenez la barre en toute bonté,
en savoir-faire, et...
 

larguez les amarres
juste à temps.
Vous, exquise, ne craignez rien.
                       De votre âme il prend grand soin.


Sur le dos laissez vous faire,
à l'assaut laissez le fer
se pâmer haut, chanter haut
qu'aujourd'hui c'est déjà hier.
Sous la garde close de vos paupières
bardez le fer,
guerrière altière en guépière,
restez entière sous vos paupières...

...Un peu de fard sur les remparts
de temps en temps.
Vous, lascive ne gardez rien
                       De votre âme, elles prennent grand soin


Mais le regard grand Dieu
jamais ne croisez le regard !
jamais n'abaissez la garde
sous le regard qui vous fronce !
C’est un barreau qui s'annonce,
c'est un fer qui vous égare,
c'est un pieu qui s'enfonce
dans votre âme de part en part.
Du licol il raffole,
il s'en empare,
sur votre col, sans égard,
incruste le joug de glaise.
A genoux il vous pèse... 

...Une cage se prépare
pour longtemps.
Et vous, conquise ne dîtes rien.
                          De votre âme, prendra-t-il soin?

Un seul instant suffit,
l’instant où votre corps résonne,
où votre chair fusionne,
un seul instant, un seul regard...
et les gestes ont un visage.
Dans votre glaise, il se grave
du coeur de glaise il se gave,
Barbare, il s'accapare l'escarre
que son glaive incise,
l'aiguillonne, y instille l'emprise,
curare de braise dans la glaise,
et l'emprise dans la fournaise
vous fossilise.
Vous avez pris un homme
il résonne, vous déraisonne
déjà il vous façonne.
Et c’est vous encore
ce corps, dans la cage...

...Encore un départ
ce qui reste de temps.
Et vous, éprise n'y pouvez rien
Et vous éprise n'y pouvez rien...
                        De votre âme, prendra-t-il soin ?